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Luis Fernando Pérez - Piano de lumière - Compte-rendu


Héritier de l’illustre tradition du piano espagnol qui se situe dans la veine d’Alicia de Larrocha (dont il fut l’élève), Luis Fernando Pérez (34 ans) s’est installé au firmament des interprètes de sa génération. L’universalité de son talent transparaît en plein jour à l’Auditorium du Louvre dans un récital de la série « Au fil de Liszt » où des pages du compositeur magyar voisinent avec des extraits d’Iberia d’Albeniz, établissant avec logique des correspondances entre ces deux créateurs.

Plus encore que dans deux lieder de Schumann et Schubert, l’art de Pérez s’affirme dans La Mort d’Isolde, d’une puissance narrative impressionnante quasi théâtrale. La pure virtuosité se fait musique dans la redoutable Rhapsodie espagnole qui brave les difficultés techniques pour présenter une invitation au voyage à la fois mordante et lumineuse. Iberia d’Albeniz est le pain quotidien de ce musicien hors pair. A la poésie d’Evocacion et au mystère d’El Albaicin répond la souplesse charnelle d’El Puerto. Le Deuxième Cahier donné dans son intégralité est un véritable feu d’artifice où les rythmes de Rondeña, Almeria et Triana claquent avec panache, gravés à la pointe sèche, sans que l’on perde de vue l’unité organique et le lyrisme le plus profond.

Le pur bonheur musical que l’on ressent contraste avec la gêne éprouvée à l’écoute d’un instrument (un Steinway lourd et mal harmonisé) qui dévalorise le jeu coloré et nuancé de Pérez, contraint sans cesse de lutter contre d’adversité. Un enregistrement récent des Goyescas de Granados (1), réalisé avec un soin exemplaire, rend justice à la sonorité tout en souplesse et au galbe souverain de ce musicien qui opère désormais dans la cour des grands.

Michel Le Naour

(1) Mirare MIR 138

Paris, Auditorium du Louvre, 30 novembre 2011

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Photo : DR

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