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L’Enfant et les sortilèges à l’Opéra de Montpellier – Une touchante réussite – Compte-rendu

L’Opéra Junior de l’Opéra national de Montpellier s’attache, depuis un quart de siècle, à faire découvrir à des jeunes issus des milieux les plus variés l’univers lyrique, en les impliquant dans des productions qui leur sont spécifiquement destinées. Directeur d’Opéra Junior depuis 2009, Jérôme Pillement était dans la fosse vendredi dernier pour une représentation de L’Enfant et les sortilèges devant un Opéra Comédie bondé de scolaires.
Quelques minutes de retard sur l’horaire prévu – on attend un dernier bus qui a un peu traîné en route -, la salle piaffe d’impatience, l’ordre de mettre hors d’état de nuire les (insup-)portables passe - avec une efficacité que l’on pourra vérifier ! –  et, enfin, le chef donne le départ d’un spectacle qui fait honneur à l’Opéra de Montpellier.
 

© David Ginot
 
Membre du collectif La Fura dels Baus (elle a participé au Vaisseau Fantôme de l’Opéra de Lyon en octobre dernier), Sandra Pocceschi (avec Geoffroy Duval pour de belles lumières) signe une mise en scène exemplaire de naturel et de fluidité. Onirisme, mystère, drôlerie : tout à la fois libre et fidèle, son approche restitue parfaitement l’essence du chef-d’œuvre de Colette et Ravel. L’économie de moyens va de pair avec une imagination de chaque instant et une direction d’acteur soignée.

Grandir, c’est aussi apprendre à s’ennuyer poliment au spectacle. Les gamins réunis à l’Opéra Comédie n’ont que faire de ces précautions – on sait à quel point, s’ils n’ « accrochent » pas, ils peuvent se montrer impitoyables ! – : l’attention qu’ils prêtent au travail de Sandra Pocceschi est le plus bel éloge que l’on puisse lui faire.
 

© David Ginot
 
L’Opéra Junior de Montpellier aura fait naître des vocations. Ainsi l’un des ses anciens membres, Olivier Brunel, est-il devenu chanteur professionnel. Le baryton est de retour à Montpellier pour tenir le rôle de L’Horloge, aussi intelligemment que sa collège Dima Bawab, Feu et Rossignol charmeurs.
A leurs côtés, les membres d’Opéra Junior s’investissent pleinement. La fraîcheur de leurs prestations fait oublier le trac et les imperfections inhérentes à un spectacle de ce type. Après un départ un peu hésitant, Maëva Mercat trouve ses marques et offre un touchant enfant. On remarque aussi l’élégante et mystérieuse Princesse de Camille Grimaud, les chats très réussis de Lisa Barthélémy et Camille Poirier. Et quelle étonnante présence scénique relève-t-on chez Gaspard Ferret (La Rainette) ou Elysa Brodu (Le Petit Veillard) - savoureuse leçon d’arithmétique !
 

@ David Ginot

Belles prestations du Chœur du Jeune Opéra et de celui de l’Opéra de Montpellier, respectivement préparés par Vincent Recolin et Noëlle Gény.
On saluera enfin la direction de Jérome Pillement qui, à la tête des musiciens de l’Orchestre national de Montpellier, apporte beaucoup à la parenthèse magique imaginée par Sandra Pocceschi.
 
Alain Cochard
 
Ravel : L’Enfant et les sortilèges – Montpellier, Opéra Comédie, 27 février 2015.

Photos © David Ginot

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