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Le Quatuor Van Kuijk à l’Auditorium du Louvre –Audace juvénile – Compte-rendu

Le programme du concert du Quatuor Van Kuijk (fondé en 2012) à l’Auditorium du Louvre correspond à celui de leur dernier CD (pour le label Alpha) consacré à deux chefs-d’œuvre de la musique de chambre française, le Quatuor en sol mineur de Debussy et le Quatuor en fa majeur de Ravel (1). Ces jeunes musiciens ont, en quelques années, atteint un degré de perfection qui les place d’ores et déjà dans le sillage des meilleures formations. Leur réputation dépasse d’ailleurs largement le cadre de l’Hexagone : ils sont particulièrement appréciés au Royaume-Uni où ils ont obtenu le Premier Prix du Concours de Quatuor à cordes du Wigmore Hall en 2015 et figuré à l’affiche des Proms l’été passé.
Ils participent en outre à la saison ECHO Rising Stars 2017-2018 et, dans ce cadre, seront les hôtes de la Philharmonie de Paris le 13 janvier prochain, avant Hambourg, Barcelone, Lisbonne, Stockholm, Cologne et Porto, avec un programme comprenant des ouvrages de Beethoven, Webern et Schubert et une création d’Edith Canat de Chizy.


 
Respectueux du style mais très personnels, les Van Kuijk abordent les deux partitions avec vivacité et n’hésitent pas à prendre des risques. On apprécie en particulier leur capacité à bien différencier le langage de l’un et l’autre des compositeurs avec des éclairages tout à fait spécifiques. Leur dialogue sait se faire raffiné sans pour autant éviter l’acuité et la fougue des éclats chez Ravel, alors que le mariage subtil des timbres et le caractère fantasque de Debussy transparaissent dans le Quatuor en sol mineur.

En parfaite osmose, chacun des instrumentistes réussit aussi à se distinguer sans jamais essayer de tirer la couverture à soi (superbes interventions de l’altiste Emmanuel François, profondeur du violoncelle de François Robin, assurance et attaques franches des deux violonistes Nicolas Van Kuijk et Sylvain Favre-Bulle). Si la magie opère, ce n’est pas seulement par le respect d’une tradition, mais surtout dans la manière d’aborder ce répertoire avec des élans, des effusions, une vigueur juvénile, un sens du discours toujours vivant, d'une inventivité sans cesse renouvelée. Ce bain de musique s’achève, en bis, par une transcription des célèbres Chemins de l’amour de Poulenc, servie par des archets caressants.
 
Michel Le Naour

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(1) Un disque qui comprend aussi Chanson perpétuelle op. 37 de Chausson, interprétée avec le concours de la mezzo Kate Lindsey et d’Alphonse Cemin au piano
 
Paris, Auditorium du Louvre, 25 novembre 2017

Photo © Nicolaj Lund

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