Sortant tout juste du visionnage du Cosi fan tutte de Michael Haneke, retrouver la production si anodine d’Ezio Toffolutti produisait, comment dire … un sentiment étrange. Etait-ce bien la même œuvre ?

On ne reviendra pas sur ce spectacle décoratif qui a ses qualités, et dont le metteur en scène est venu resserrer le rythme sinon une direction d’acteur laissée à l’appréciation de chacun des protagonistes.

S’engouffrant dans la brèche, Stéphanie d’Oustrac charge allégrement sa Dorabella, jouant diva, mettant partout du caractère, chantant dans les joues et s’inventant des graves qu’elle n’a pas, mais quel panache ! Malgré nous on en redemandait.

Pourtant la leçon dramatique, mais aussi la leçon de chant était ailleurs : d’un geste, d’un haussement de sourcil, d’une expression fugitive, Myrto Papatanasiu nous dit tout de la fière Fiordiligi, la dernière à céder, avec une nostalgie immanente, un naturel aussi confondant. Et avec quel style, instrumental, violon ou flûte, si typique d’un certain âge d’or du chant mozartien auquel on avait fini par renoncer. En voila une qui a écouté les Fiordiligi de Lisa Della Casa et de Pilar Lorengar, en a fait son miel. Jolie Despina de Barnarda Dobro, finement chantée, très simplement jouée, avec pour les travestissements de l’esprit à revendre.

On était donc heureux avec les dames. Mais avec les hommes…. En voix de bois et terne, le Don Alfonso de Lorenzo Regazzo est une ombre, David Bizic assure avec l’aplomb vocal qu’on lui connait un Guglielmo hélas uniment balourd, mais lui du moins chante quand Dmitry Korckak ne peut plus que bramer son Ferrando . Le voila qui engage mal « Un’aura amorosa » et ne pourra plus s’en sortir, faux même à la reprise piano. Gageons un soir de méforme.

Comme toujours Michael Schonwandt anime avec esprit et panache son Cosi, mais on a entendu l’Orchestre de Garnier plus ensemble et plus juste. Pour la Fiordiligi de Myrto Papatanasiu, n’hésitez pas, vous serez heureux de la découverte.

Jean-Charles Hoffelé

Mozart, Cosi fan Tutte
Paris, Palais Garnier, 22 octobre - Prochaines représentations 24, 27, 20 octobre, 3, 5, 8, 11, 13 novembre 2013
www.operadeparis.fr

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Photo : Opéra national de Paris/ Ch. Pelé