Journal

I Capuleti e i Montecchi à Reims - Jessica Pratt, une révélation belcantiste - Compte-rendu

Coproduite par les opéras de Tours et d’Avignon, la mise en scène d’I Capuleti e i Montecchi de Nadine Duffaut réalise une excellente synthèse de ce que l’on a pu voir ces vingt dernières années dans cet ouvrage – tel le pan de mur rouge qui fait penser à Carsen. Un rideau tantôt opaque, tantôt translucide, divise le plateau à la manière de l’opéra belcantiste, entre le niveau individuel, le drame amoureux de Roméo et Juliette, et le collectif, la rivalité des deux familles en arrière-fond, entre solistes d’une part et comprimari et chœurs d’autre part.

Fidèle au texte, excepté le poignard de la fin peut-être simplement oublié par la régie, cet élégant spectacle constitue un excellent écrin pour les voix. Et quelles voix ! Régulièrement invitée en Allemagne et en Italie mais rare en France, Jessica Pratt, Juliette, est la révélation de la soirée. Aigu cristallin, ligne impeccable, agilité, technique infaillible, la soprano australienne possède tous les atours de la belcantiste, ainsi qu’une présence à la hauteur de sa carrure – une véritable bête de scène. A ses côtés, la frêle Julie Boulianne, douée d’un remarquable sens du style, incarne un Roméo sincère et touchant. Les deux voix se marient admirablement, à défaut de leurs physiques étrangement appariés.

Les rôles masculins se révèlent moins satisfaisants. Pour Tebaldo, Florian Laconi compense son étrangeté à la cantilène bellinienne par le relief et la vigueur qu’il donne à son personnage. Plutôt terne, Ugo Guagliardo résume Capellio à quelque autorité paternelle, quand Eric Martin-Bonnet se trouve mis en difficulté par le rôle de Lorenzo, qui, à l’évidence, ne lui est pas destiné. Passons sous silence la piètre performance des chœurs pour retenir le louable travail de Luciano Acocella qui sait contenir les musiciens champenois dans les limites de la justesse, au prix d’une relative platitude réduisant la partition orchestrale à un banal accompagnement.

Gilles Charlassier

Bellini : I Capuleti e i Montecchi – Reims, Opéra, 3 mai 2013

> à Reims - Jessica Pratt, une révélation belcantiste">Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Gilles Charlassier

Photo : Camille Loesch
 

Partager par emailImprimer

Derniers articles