Francesco Tristano s’est fait un nom en jouant d’abord au piano ce qui ne lui était pas destiné. Ni Bach, ni bien entendu Frescobaldi ou Buxtehude n’ont jamais pensé à un tel instrument, leurs doigts touchaient certes d’autres claviers – clavecins intimes et pourtant sonores, ou orgues-monstres comme le dit le baryton dans l’Ode à Sainte Cécile de Purcell – mais leurs esprits pensaient la musique universelle, comme libérée justement de l’instrument.

Francesco Tristano prend acte de cette mise à distance du médium, d’ailleurs il prépare volontiers ses pianos, en faisant d’étranges hybrides, et cette fois encore il revient à Bach et à Buxtehude dans son dernier disque, Long Walk (1), avec en référence l’année 1705 où Bach, à tout juste vingt ans, entreprit le voyage d’Arnstadt à Lübeck pour y rencontrer Buxtehude.

Un programme-voyage donc, effectuant des allers et retours entre quelques pages de ces deux maîtres-organistes (dont une époustouflante « Capricciosa » BuxWV 250 !), et auxquelles le pianiste ajoute deux de ses propres compositions (Long Walk et Ground Bass), où il aménage la sonorité de son très étonnant Yamaha CFX pour lui faire évoquer, entre autres, le gamelan. Un voyage magique, qui ne fait qu’attiser l’envie d’aller retrouver l’un des plus singuliers musiciens de la nouvelle génération à la Cité de la musique pour un récital Bach, Cage, Tristano donné dans le cadre du cycle «John Cage Revisited » (du 14 au 17 décembre).

Jean-Charles Hoffelé

« Long Walk » - Francesco Tristano joue Buxtehude, Bach et Tristano - 1 CD Deutsche Grammophon 476 5003.

Rappelons l’existence d’un non moins passionnant programme « bachCage » paru en 2011 – 1 CD Deutsche Grammophon 476 417-3 5

Francesco Tristano en récital 15 décembre 2012 – 17h 30
Paris – Amphithéâtre de la Cité de la musique

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Photo : Aymeric Giraudel