Deux ans après les fastes du 350ème anniversaire (entre autres, la très poétique production de l'Opéra Comique, dirigée par William Christie dans une mise en scène de Deborah Warner.), la Didon purcellienne nous revient là où on ne l'attendait pas vraiment : à Toulon, sous le soleil de la côte varoise, loin des sortilèges engendrés par la tradition insulaire, mais avec la promesse d'un chant inspiré, par la grâce de la diva Anna Caterina Antonacci.

En une vingtaine d'années de carrière, inaugurée par un 1er prix au Concours de Parme, la sculpturale soprano italienne a construit sa légende auprès des plus grands chefs: Claudio Abbado, René Jacobs, Colin Davis, Riccardo Muti, John Eliot Gardiner, Riccardo Chailly, etc., à l'aise, avec un égal succès, dans les emplois dramatiques et bouffes du répertoire baroque et romantique (le Couronnement de Poppée où elle fut Néron et Poppée, Les Troyens, les Nuits d'Eté, Médée, La Juive, Falstaff, etc.)

Pour autant, c'est auprès de ses compatriotes qu'elle s'est ressourcée pour moduler l'ineffable plainte de la princesse carthaginoise délaissée. Une équipe où les autres vedettes sont Pier Luigi Pizzi, prince du visuel opératique (costumes et décors) à l'échelle européenne, et Massimo Gasparon le plus sûr des complices pour la mise en scène. Bref, toutes les conditions semblent a priori réunies, qui devraient faire de ce Didon et Enée venu du Sud un rare moment de ferveur lyrique, sous la conduite musicale de l'expérimenté Giuliano Carella, actuel directeur musical de l'Opéra de Toulon Provence Méditerranée, et la complicité d'un plateau vocal où la Belinda de Sophie Desmars (à l'oeuvre également dans l'Ode à Sainte Cécile du même Purcell en lever de rideau) promet beaucoup, tandis que David Bizic qui fut Masetto dans Le Don Giovanni du Festival d'Aix 2010, devrait donner vie et relief au personnage d'Enée, trop souvent sacrifié.

Roger Tellart

Purcell : Didon et Enée

Opéra de Toulon Provence Méditerranée

Les 19, 22 et 24 avril 2011

www.operadetoulon.fr

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Roger Tellart

Photo : Serge Derossi/Naïve