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Compte-rendu : Perspectives finales - Maurizio Pollini et Peter Eötvös avec le London Symphony Orchestra

Commencé en 2008, le cycle « Pollini Perspectives » s’est achevé par un concert du London Symphony Orchestra dirigé par Peter Eötvös qui s’inscrivait dans l’esthétique chère au pianiste italien. Ce vaste tour d’horizon autour de sa pratique musicale convoque in fine Anton Webern (l’arrangement du Ricercare à six voix de L’Offrande musicale), Helmut Lachenmann (la version pour orchestre à cordes de Grido, son 3e Quatuor à cordes composé en 2001) et Johannes Brahms (Concerto pour piano n°1, judicieusement placé après l’entracte).

La configuration spatiale imposée par Eötvös pour le Ricercare avec les groupes d’instrumentistes répartis par blocs séparés autour du chef, permet d’obtenir une meilleure définition des timbres et surtout des conditions acoustiques adéquates : les musiciens se répondent dans la fugue de manière stéréophonique, établissant ainsi un rapport beaucoup plus équilibré qu’à l’accoutumée. La disposition en cercle concentrique crée une distance entre Peter Eötvös et l’orchestre de chambre dans Double – Grido II (créé à Lucerne en septembre 2005) et favorise la lisibilité des plans dans une partition riche de combinaisons, de sons interrompus proches parfois du style de Stockhausen, tandis que la virtuosité des cordes du London Symphony compense l’aridité du propos.

Dans le Concerto n°1 de Brahms, Pollini témoigne d’une autorité indiscutable dans la mise en relief de l’univers à la fois poétique et véhément (cinglante introduction orchestrale sous la baguette d’Eötvös !), refusant le plus souvent les élans de rêverie au profit d’un jeu dense et lapidaire. Soliste et chef parviennent à une belle connivence au cours d’un échange où les instrumentistes londoniens (bois magnifiques, timbales d’une précision rythmique confondante) réalisent des miracles tant individuels que collectifs. En bis, la reprise du Rondo final déclenche l’enthousiasme du public, captivé par l’urgence d’un discours pétri d’intelligence et de perfectionnisme.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 22 juin 2010

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Photo : DR
 

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