Cela aurait pu n’être qu’un « coup » discographique accompagné de quelques concerts de promotion ; il n’en a rien été. Depuis l’enregistrement de la version pour quatuor à cordes du Requiem de Mozart de Peter Lichtental (1CD Decca) sous les archets du Quatuor Debussy, le manuscrit qui dormait jusqu’alors à la bibliothèque du Conservatoire de Milan est vraiment entré au répertoire d’une des plus découvreuses formations de chambre hexagonales. Nombreuses ont été pour elle depuis bientôt de deux ans les occasions d’y revenir et de peaufiner l’approche d’une transcription qui projette une lumière singulière sur l’un des ouvrages les plus « mythiques » de la musique classique.

Le 2ème Festival «Notes d’Automne » aura permis aux Debussy d’aller plus loin encore dans cette voie en s’associant à Christophe Malavoy pour l’un de ces spectacles « texte et musique » qui font l’identité du tout jeune festival du Perreux. Des lettres de Mozart, un extrait du livret de Don Giovanni : excellemment choisis par Florence Badol-Bertrand, les textes s’insèrent avec naturel entre les divers épisodes de l’ouvrage métamorphosé par Lichtental pour former une sorte de Requiem intime. Christophe Malavoy se révèle à la fois présent et discret ; rien n’est surligné, mais l’émotion toujours présente au cours d’une soirée idéalement équilibrée. La fluidité de l’alternance entre les lectures et la musique, l’unité de ton entre le comédien et les musiciens font de ce spectacle, donné en création, une réussite.

Au diable – si l’on peut dire – l’emphase, le pathos ! Seules la tendresse et une douce et sereine gravité demeurent et la lecture du « poème pour petit étourneau mort » juste avant l’Agnus Dei résume l’esprit d’un rendez-vous avec Mozart et celle qu’il désignait comme « la meilleure amie de l’homme ».

Alain Cochard

Festival « Notes d’Automne » - Le Perreux, Eglise Saint Jean-Baptiste, 19 novembre 2010

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