Journal

ACCENT 4 fête son 30ème anniversaire – Une interview de Hubert Metzger, Président d’Accent 4

En bien des domaines, l’Alsace fait entendre sa différence et ce jusqu’aux chaînes de musique classique. A l’alternative France Musique ou Radio Classique elle ajoute en effet une troisième option, Accent 4, radio associative entièrement dédiée au classique, qui témoigne au quotidien de la vivacité de la vie musicale de sa région. Le 16 mai, Accent 4 s’installe à L’Aubette, place Kléber à Strasbourg, pour fêter ses 30 ans en public et en direct. Engagé dans l’aventure d’Accent 4 depuis 1985, Hubert Metzger, président de la chaîne depuis 2001, répond à Concertclassic.
 
Comment est née Accent 4 ?
 
Hubert METZGER : Il faut se souvenir du contexte de l’époque. La loi sur l’audiovisuel de 1982 avait mis fin au monopole public de la radio et de la télévision, on était en plein mouvement de libéralisation des ondes et l’on a vu éclore sur la bande FM une quantité incroyable de radios, certaines à l’existence très éphémère, d’autres plus durables. Accent 4 a fait partie de ces radios. Je me souviens d’avoir un jour entendu à côté de France Musique et du SWR voisin (Bade-Wurtemberg), qui avait depuis longtemps une chaîne classique, une nouvelle radio sur laquelle un monsieur lançait des appels aux passionnés de musique classique. C’est ainsi que j’ai rejoint les fondateurs : Yves Klaiber, Gilles Misslin et Pascal Hilaire – ce dernier est toujours présent dans l’équipe. Ils avaient fait le constat que toutes les jeunes radios qui naissaient alors diffusaient les mêmes musiques (pop, rock, etc.) et, sans être de grands connaisseurs en la matière, ont voulu se singulariser en choisissant le classique. D’où la nécessité de lancer des appels sur les ondes (Accent 4 émettait à l’origine sur 104 FM, fréquence qui lui a donné son nom) pour attirer des personnes susceptibles de les aider à structurer la programmation.
J’étais alors jeune avocat stagiaire, j’avais prêté serment l’année précédente. Issu d’un milieu musicien, mélomane passionné, j’ai eu envie de mettre mon enthousiasme au service d’une radio dont j’allais être amené à prendre la présidence en 2001 au moment du départ d’Yves Klaiber.
 

Olivier Erouard, Directeur d'antenne d'Accent 4 © DR
 
Quelle est la zone géographique couverte par Accent 4 ?
 
H.M. : Entre 1985 et 1989 nous étions, comme toutes les radios libres, une radio pirate. Les premières autorisations d’émettre n’ont été délivrées, par ce qui se nommait CNCL à l’époque, qu’en 1989. Nous avons à ce moment obtenu une autorisation d’émettre sur Strasbourg. Grosso modo dans un rayon de 20 à 30 kilomètres autour la ville, mais avec, du fait de notre position frontalière, des restrictions vers l’Allemagne en direction de laquelle on doit émettre avec une puissance plus faible. Par la suite nous avons obtenu deux autres fréquences, Colmar en 1995 et Sélestat en 1998 : avec ces trois émetteurs nous couvrons les trois quarts du territoire alsacien. Lors du dernier appel à candidatures du CSA en 2011 nous avons fait de demandes sur Mulhouse, Saverne et Haguenau. Si nous les avions obtenues nous aurions pu couvrir l’intégralité du territoire alsacien ; ça n’a malheureusement pas été le cas. Cela n’aurait sans doute pas posé de problème si les demandes avaient été faites en Lozère ou dans la Creuse, mais dans la région frontalière où nous nous trouvons les fréquences sont rares sur la bande FM compte tenu de la proximité de l’Allemagne et la Suisse. Nous en restons donc à nos trois fréquences : Strasbourg (96,6) Colmar (90,4) et Sélestat (98,8) - ce à quoi s’ajoute depuis 1998 une diffusion en streaming.
 

Comment fonctionnez-vous, quelles sont vos ressources ?
 
H.M. : Nous avons une originalité qui remonte aux débuts d’Accent 4. Très vite Yves Klaiber a souhaité faire participer les auditeurs en offrant des contreparties à leur contribution. Celles que nous offrons aujourd’hui à nos auditeurs abonnés sont de deux ordres : ils reçoivent tout d’abord un bulletin mensuel des programmes, en version papier ou numérique. Par ailleurs, sur présentation de leur carte d’abonné, ils obtiennent des réductions auprès de toutes les institutions musicales de la région. Celui qui va trois ou quatre fois par an au concert amortit sa carte, d’autant qu’elle lui donne également droit à une déduction fiscale. Les abonnements vont de 40 à 65 € selon qu’il s’agit d’une carte individuelle ou couple. Les auditeurs ont également la possibilité de faire des dons. L’ensemble des contribution des auditeurs représente bon an mal an un tiers de notre budget.
 
Un second tiers provient de partenariats, soit avec des entreprises privées, soit avec des collectivités territoriales : la Région Alsace, le Conseil départemental du Bas-Rhin, la Ville de Strasbourg. Nous recevons certes une subvention de ces trois collectivités mais, en contrepartie, nous nous engageons à enregistrer des concerts se déroulant sur leur territoire. Les concerts que nous captons sont organisés par des institutions, des associations elles-mêmes subventionnées par ces collectivités : il se crée ainsi une sorte de relation triangulaire. Du côté des entreprises privées, nous avons partenariat historique de plus de vingt-cinq ans avec le CIC, un autre avec le magasin de musique strasbourgeois Arpèges Armand Meyer.
 
Quant au troisième tiers du budget, il provient de la subvention du F.S.E.R. (Fonds de Soutien à l’Expression Radiophonique) dont bénéficient toutes les radios associatives de France depuis la loi de 1982. Le budget annuel d’Accent 4 est d’environ 190 000 € ; un chiffre élevé quand il s’agit de trouver cette somme, mais faible si l’on divise par 365 et par 24.
Nous avons trois salariés (un directeur d’antenne, Olivier Erouard, un technicien et une secrétaire administrative) et une équipe d’environ vingt-cinq bénévoles.
 
Comment la journée anniversaire du 16 mai s’organise-t-elle ?
 
T.M. : Avec un budget tel que le nôtre, nous n’avons pas la possibilité d’émettre en direct. Sauf exception (4 h de direct par mois en moyenne), nous diffusons des émissions pré-enregistrées. Le 16 mai, il en ira autrement car nous serons en public et en direct (de 10h à 18h, à L’Aubette, Place Kléber). Cette journée anniversaire sera ponctuée par de courtes pauses musicales. Nous prévoyons de faire une captation vidéo pour diffusion en streaming sur notre site internet(1) – un moyen d’aller vers d’autres publics et de s’adapter aux nouveaux modes d’écoute de la musique
 
Propos recueillis par Alain Cochard, le 8 mai 2015

(1) www.accent4.com

 
30ème Anniversaire d’Accent 4
Avec la participation d’Arsène Rigoulot (guitare), Clément Huber (piano), Quatuor de saxophones Orpal, Lamia Beuque (mezzo)/Amandine Duchênes (piano), Paulin Haas (harpe)/ Thomas Bloch (ondes Martenot), Trio « C’est pas si grave », Nicolas Moutier (trombone)

16 mai 2015 – 10h-18h
Strasbourg – L’Aubette (place Kléber)
 
 
 Photo © DR

Partager par emailImprimer

Derniers articles