Il y a du Marie Jaëll (1846-1925) dans l’air à l’Orchestre national Avignon-Provence ! Chose qui ne surprend guère pour qui sait que, depuis son arrivée à la tête de la phalange provençale, Débora Waldman réserve une belle place aux compositrices dans sa programmation.
Grâce au Palazetto Bru Zane, le public a pu découvrir Jaëll avec un volume de la série « Portraits » (3 CD), très axé sur la musique de piano – forcément – mais où l’on trouve aussi une remarquable version du Concerto pour violoncelle, sous l’archet inspiré de Xavier Phillips (photo), accompagné par le Brussels Philharmonic et Hervé Niquet.
Depuis, pas mal d’interprètes se sont emparés d’une partition qui, loin d’être une simple curiosité pour musicologues, s’impose par sa concentration, sa richesse poétique et la singularité de la relation qu'elle installe entre le soliste et l’orchestre. Une réalisation (de 1881) d’autant plus précieuse que la musique concertante pour violoncelle de qualité est très rare au XIXe siècle. Celle connue et diffusée à ce jour en tout cas, mais il se pourrait bien qu'un jour le Palazzetto nous amène à des découvertes en cette matière ...
 

Mélisse Brunet © DR
 
On est heureux d’apprendre que Xavier Phillips reprend le Concerto de Jaëll le 26 janvier à Avignon, sous la direction de Mélisse Brunet, au sein d’un programme « Le Charme français » qui présente en outre l’Elégie de Fauré (que le violoncelliste a enregistrée il y a peu avec Cédric Tiberghien dans le cadre d’une somptueuse intégrale de l’œuvre pour violoncelle et piano du Français chez La Dolce Volta), mais aussi des pages de Debussy (Clair de lune), Ravel (Ma Mère l’Oye) et les Masques et bergamasques de Fauré.
 

Célia Oneto Bensaid © Capucine de Chocqueuse 

Au printemps prochain, la relation entre l’Orchestre national Avignon-Provence et la musique de Jaëll s’illustrera à nouveau, au disque cette fois, avec la sortie (le 26 avril) chez NoMadMusic du très logique couplage des Concertos n° 1 de Liszt et de Marie Jaëll, sous la direction de Débora Waldman, avec Célia Oneto Bensaïd au clavier. Après le prodigieux enregistrement (pour Présence Compositrices) que cette dernière nous a offert de « Ce que l’on entend », prophétique cycle d’après Dante (1), on brûle d’impatience de l’entendre dans le fameux ouvrage de Liszt et le Concerto en ré mineur de la – ô combien ! lisztienne ­– artiste alsacienne.
 
Alain Cochard