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Turandot de Ferruccio Busoni à Dijon - L’autre Turandot


Il serait vain de les comparer, même si la source de leurs livrets est commune : la Turandot ironique et brève que Gozzi inspire à Busoni – l’ouvrage fut créé à Zürich en mai 1917 - n’a rien à voir avec le rêve de grand opéra exotique qu’en tirera ensuite Puccini. Dans cette concurrence involontaire, Busoni reste bien plus près de l’esprit caustique et de la verve fantaisiste de Gozzi.

Normal, c’est d’abord sur les injonctions de Max Reinhardt qu’il écrivit une musique de scène pour la pièce, avant de réemployer ce matériaux dans un opéra qui devait faire pendant à son Arlecchino (1916) afin d’offrir une soirée complète. Une Chine de pacotille, des clins d’œil à la commedia dell’arte, un grand emploi de soprano exigeant pour le rôle-titre (même Kabaivanska s’était laissée tenter), quelques ficelles dramaturgiques confiées à Altoum, un orchestre incroyable de mordant, désopilant d’ironie, et si cette Turandot-là finissait par retrouver le chemin des scènes lyriques ?

Après une assez mémorable production de l’Opéra de Lyon en 1992, c’est donc la scène dijonnaise qui redonne ses chances à l’ouvrage, confiant l’entreprise à la baguette avertie de Daniel Kawka et la régie à Ciszko Aznar, connu pour ne pas manquer d’imagination. On guettera le Kalaf de Thomas Piffka, un Alwa remarqué, et surtout la Turandot de Sabine Hogrefe, future Brünnhilde de Bayreuth.

Jean-Charles Hoffelé

Feruccio Busoni : Turandot


Opéra de Dijon

9, 11 et 13 mars 2011

www.opera-dijon.fr

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Photo : DR

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