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Sigurd à Genève - Reyer retrouvé

On n’imagine plus aujourd’hui la popularité dont Sigurd jouissait encore dans les années trente du XXe Siècle. Pourtant la bataille ne semblait pas pouvoir être gagnée. Un sujet inspiré aux mêmes sources que le Götterdämmerung de Wagner, une création refusée par l’Opéra de Paris – dont Reyer (pseudonyme d’Ernest Rey, 1823-1909) était le bibliothécaire, et où l’œuvre sera présentée finalement avec le succès que l’on sait en 1885 en version abrégée. Il faudra attendre 1892 pour que le Palais Garnier consente à monter l’intégralité d’un ouvrage qui y réapparaîtra 252 fois jusqu’en 1935, ultime reprise où brillaient rien moins que la Brunehild de Marjorie Laurence et le Sigurd de José Luccioni. Fait significatif, Sigurd fut créé à La Monnaie de Bruxelles, le 7 Janvier 1884, comme le Roi Arthus de Chausson et tant d’autres opéras français boudés par Paris.

On n’est donc pas surpris que l’œuvre revive une fois de plus hors de nos frontières, cette fois à Genève et en version concert. Affiche alléchante avec certes le Sigurd d’Andréa Caré, mais surtout la très attendue Brunehild d’Anna Caterina Antonacci (photo) qui décidément n’a pas froid aux yeux. L’occasion de vérifier que si les influences wagnériennes restent évidentes, le style vocal de la partition se souvient d’abord de la déclamation gluckiste, renouant avec une certaine tradition des grands ouvrages lyriques héroïques dont Paris avait, depuis le temps de la tragédie lyrique, fait son miel. Frédéric Chaslin conduira l’aventure en galvanisant les Chœurs du Grand Théâtre de Genève et l’Orchestre de la Suisse Romande dans l’acoustique idéale du Victoria Hall pour trois soirées qui s’annoncent mémorables.

Jean-Charles Hoffelé

Reyer : Sigurd
6, 8, 10 Octobre 2013
Genève - Victoria Hall
www.geneveopera.ch

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Photo : DR
 

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