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Pierre Génisson et l’Orchestre Consuelo (dir. Victor Julien-Laferrière) au Théâtre des Champs-Elysées – Quoi de neuf ? Mozart !

 

Soirée toute mozartienne que celle du 6 décembre au théâtre des Champs-Elysées, qui réunira Pierre Génisson et l’Orchestre Consuelo de Victor Julien-Laferrière. Ce concert accompagne la sortie du très bel album « Mozart 1791 », que Pierre Génisson a réalisé avec le Concerto Köln, dirigé par l’excellent Jakob Lehmann. Pour ce qui marque son entrée dans l’écurie Erato, le clarinettiste a imaginé un programme original autour de l’ouvrage le plus célèbre jamais écrit pour son instrument, originalité qui tient certes à la manière dont il a entouré le Concerto en la majeur, mais aussi à l’instrumentarium utilisé pour ce projet.
 

 
Mozart et la vocalité

 
« Il m’a paru important de montrer l’unité dans l’écriture de Mozart durant la dernière année de sa vie, explique Pierre Génisson, le Concerto pour clarinette, sa toute dernière œuvre concertante, a un écho direct avec les derniers opéras du musicien. Ce qui unifie les pièces rassemblées dans ce disque, c’est le rapport de Mozart à la vocalité, mais aussi au passage entre vie et mort et la dimension testamentaire de la musique. » À côté du Concerto KV 622 on découvre en effet des airs tirés des Nozze di Figaro (« Voi che sapete »)et de Così fan tutte (« Come scoglio », Soave sia il vento », « Una donna a quindici anni »), arrangés par les soins de Bruno Fontaine, mais aussi trois airs avec clarinette issus de la Clemenza di Tito (« Parto, ma tu ben mio », « Ecco il punto, o Vitellia » « Non più di fiori »), pour lesquels Pierre Génisson a pu compter sur la complicité de Karine Deshayes – décidément très mozartienne en ce moment, ce dont nul ne se plaindra –, et, pour conclure sur une note testamentaire, le Lacrimosa du Requiem (dans un arrangement épuré de B. Fontaine).
 
Quoi de neuf ? Mozart !, a-t-on envie de s’exclamer en paraphrasant Guitry après avoir entendu des pages certes connues mais dont Pierre Génisson et ses partenaires savent renouveler et rafraîchir l’écoute. Outre la composition du programme et la présence de transcriptions, l’instrumentarium utilisé constitue un autre aspect de la réussite.
 
© Warner Classics
 
Première collaboration avec le Concerto Köln
 
Si l’interprète a eu l’occasion de jouer le Concerto en la majeur dans a peu près toutes les configurations, avec des orchestres modernes, en grand ou petit effectif, avec ou sans chef, son goût pour le travail avec des orchestres sur instruments d’époque s’est affirmé depuis quelques années – il était d’ailleurs il n’y pas si longtemps aux côtés d’Insula Orchestra –, mais jamais encore il n’avait travaillé avec le Concerto Köln. Le projet « Mozart 1791 » aura permis la concrétisation de l'envie de Pierre Génisson de collaborer avec une formation qu’il admire et « qui a une relation très forte à la musique de Mozart, un pâte sonore bien à elle ». Bonheur d’autant plus complet qu’elle était dirigée par Jakob Lehmann, jeune chef habitué à travailler avec les chanteurs. « Un pur régal que de jouer sous direction », confie Pierre Génisson.
 
© Warner Classics
 
Des instruments spécifiquement conçus pour le projet « Mozart 1791 »
 
En prévision du dialogue avec le Concerto Köln, le clarinettiste a commencé par longuement dialoguer ... avec son facteur, Buffet-Crampon. « Pour le Concerto, j’utilise une réplique d’une clarinette de basset moderne, au diapason ancien (430), spécialement conçue pour ce projet mozartien. Ça été un vrai parcours initiatique que chercher une forme de synthèse entre ce que Mozart a connu et les possibilités offertes par la facture moderne. »
Jouer sur une clarinette de basset ou « sortir du confort » ... « On se rend compte de beaucoup de choses, souligne l’interprète ; on ne peut pas faire n’importe quoi dans les phrasés ; l’instrument vous montre ce que est possible. Il y a des nuances, des timbres précis que l’on est obligé de respecter. Tout devient beaucoup plus articulé quand on joue un instrument d’époque car on n’a pas le choix. Ça a révolutionné ma manière d’aborder la partition et de penser Mozart. »
Ce n’est d'ailleurs pas un mais trois instruments qui ont été conçus par Buffet Crampon : à la clarinette de basset s’ajoutent en effet une clarinette en si bémol et une en la, destinées aux transcriptions, les air de la Clemenza di Tito étant pour leur part joués sur une copie d’instrument d’époque afin d’établir un rapport aussi fusionnel que possible avec le Concerto Köln.
 
À Paris le 6 décembre c’est donc l’Orchestre Consuelo qui donnera la réplique à Pierre Génisson et ce dernier ne cache pas son impatience de retrouver son ami Victor Julien-Laferrière (1) auquel l’amitié le lie depuis l’époque du Conservatoire de Paris. Au programme : l’ouverture des Nozze di Figaro, le Concerto pour clarinette, la Symphonie n° 38 « Prague » et trois airs arrangés pour clarinette. Karine Deshayes ne figure pas à l’affiche mais... une bonne surprise n’est peut-être pas exclue à l’heure des bis ...
 
Alain Cochard
(Entretien avec Pierre Génisson réalisé le 23 novembre 2023)
 
(1) Lire l'interview de Victor Julien-Laferrière réalisée à l'occasion du lancement de son intégrale des Symphonies de Beethoven au Festival de la Chaise-Dieu 2023 : www.concertclassic.com/article/rencontre-avec-victor-julien-laferriere-violoncelliste-et-chef-fondateur-de-lorchestre 

Orchestre Consuelo, dir. Victor Julien-Laferrière / Pierre Génisson, clarinette
Œuvres de Mozart
6 décembre 2023 – 20h
Paris – Théâtre des Champs-Elysées
www.theatrechampselysees.fr/saison-2023-2024/orchestres-invites/orchestre-consuelo-laferriere-genisson
 
Photo © Emma Picq

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