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Michael Tilson Thomas dirige l’Orchestre de San Francisco - Impressions mitigées - Compte-rendu


La venue à Paris du chef américain Michael Tilson Thomas à la tête de l’Orchestre Symphonique de San Francisco (qui fête son centenaire) pour deux soirées avait valeur d’événement. Directeur musical depuis 1995 de cette phalange historique, le disciple de Leonard Bernstein, à la différence de certains de ses illustres confrères, se fait rare dans l’Hexagone malgré la réputation dont il jouit dans le milieu musical.

Le premier concert débute par une pièce du compositeur californien Henry Cowell (1897-1965) intitulée Synchrony (1929-1930) dont la destination chorégraphique, la texture ondoyante, les couleurs modales, flirtent avec Stravinski, Debussy, Milhaud et Varèse. Cuivres conquérants et tissu orchestral riche et fluctuant montrent l’orchestre à son meilleur. En revanche, le Concerto pour violon de Mendelssohn file droit, de manière radicale sous l’archet de Christian Tetzlaff, peu porté au sentiment mais néanmoins d’une ligne impeccable. Le bis (la Gavotte de la Troisième Partita de Bach) est d’une perfection un peu glacée. Dans la Cinquième Symphonie de Beethoven, les limites de l’orchestre (en particulier des bois manquant de sensualité) sont compensées par l’intelligence de la direction qui privilégie la clarté sur la densité de la pâte sonore au risque de décevoir par une vision plus analytique (les contrechants, le sens rythmique) qu’héroïque ou visionnaire. Ce n’est pas la brève Danse hongroise n°10 de Brahms qui modifie cette impression.

Michael Tilson Thomas a toujours prêté (comme Bernstein) une attention toute particulière aux Symphonies de Mahler qu’il a enregistrées. La Symphonie n°2 « Résurrection » reste en-deçà de ce que l’on attend d’une œuvre à la tension dramatique exacerbée, en particulier dans le final. La conception intellectuelle rend très lisible la partition mais interdit tout épanchement, le lyrisme demeurant l’apanage des voix (la soprano Laura Claycomb et la mezzo-soprano Katarina Karnéus) et surtout dans le mouvement final du Chœur de Radio France préparé par Matthias Brauer. Malgré l’élégance de la direction, on reste sur sa faim comme si le chef d’orchestre, grand horloger, distribuait les rôles sans jamais s’engager.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 30 et 31 mai 2011

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Photo : DR

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