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​L’Orchestre national d’Île-de-France fête ses 50 ans à la Philharmonie de Paris – Du cœur et du souffle – Compte-rendu

 

Au fil du demi-siècle écoulé, l’Orchestre national d’Île-de-France a su gagner la confiance d’un public aussi nombreux que diversifié : la grande salle de la Philharmonie, pleine à craquer, qui accueille la phalange pour l’étape parisienne de sa tournée des 50 ans (huit dates en tout) en dit très long à ce sujet.
 
Plutôt que d’inviter un soliste pour la partie concertante de la soirée, Case Scaglione a préféré faire confiance à son premier violon supersoliste et, de surcroît, lui laisser le choix de l’œuvre. Bien lui en a pris ; un Concerto en ré majeur de Brahms de grande classe, pétri de musicalité, nous attend sous l’archet d’Ann-Estelle Médouze (photo). Un concerto « en famille » : les liens qui unissent depuis vingt ans l'instrumentiste et ses collègues – lire l’itv (1) – introduisent une relation de nature évidemment particulière entre elle et l’orchestre dans l’Opus 77. Une qualité d’écoute réciproque, une évidente complicité s’affirment d’emblée. Attentif, Scaglione permet au chant de sa soliste, rayonnant et d’une foncière simplicité, de pleinement s’épanouir. Ann-Estelle Médouze ne convainc pas moins dans l’Adagio – après une introduction où Luca Mariani (hautbois solo) se distingue par sa richesse de sonorité et son phrasé exemplaire –, vécu avec humanité et poésie, avant un final joyeux, enlevé, mais sans rien de débraillé. À l’accueil enthousiaste de l’auditoire, Ann-Estelle Médouze répond par le Chant des oiseaux de Pablo Casals, donné avec les violoncelles (+ 1 contrebasse) de l’Ondif. Un bis partagé, tout à l’image de ce qui a précédé ...
 

Case Scaglione © Ondif

De Brahms à Dvořák le chemin est vite parcouru : la seconde partie de soirée revient à la Symphonie n° 9. Une « Nouveau Monde » qui se refuse aux effets faciles et dans laquelle Case Scaglione parvient à installer une prenante sensation d’espace. Sa « Nouveau Monde » respire largement et traduit les impressions du compositeur tchèque confronté à l’immensité des paysages américains. Rien de précipité ni de clinquant dans les mouvements vifs, mais une attention aux détails et aux coloris qui permet à tout les pupitres de donner la mesure de leurs qualités – et elles sont grandes ! Quant au prégnant Largo (bravo au cor anglais de Paul-Edouard Hindley), il veille à ne pas s’enliser au cœur d’une interprétation poétique et radieuse.

 
Alain Cochard
 

Lire l’interview d’Ann-Estelle Médouze : www.concertclassic.com/article/rencontre-avec-ann-estelle-medouze-premier-violon-supersoliste-de-lorchestre-national-dile
 
Paris, Philharmonie, 23 janvier 2023
 
Photo © Ondif

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