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« L’Amour à la française » par l’Académie de l’Opéra-Comique - Talents nouveaux pour amours contrariées - Compte-rendu

Fondée cette année par Louis Langrée, directeur de la salle Favart, l’Académie de l’Opéra-Comique s’inscrit dans un large projet de transmission intitulé « Campus-Favart » qui regroupe aussi la Maîtrise populaire, lancée sous le mandat Olivier Mantei – et rondement menée par Sarah Koné ! L’Académie (au grand complet sur la photo ci-dessus) entend réunir (sur une saison) de jeunes professionnels (cinq chanteurs, une pianiste-cheffe de chant, deux chefs d’orchestre, une cheffe de chœur, deux metteurs en scène). (1) Elle ne se veut pas une académie de plus par rapport à l’Opéra de Paris, ou à la Comédie-Française, puisqu’elle se réserve de cultiver ce répertoire spécifique et central dans l’Histoire lyrique française : l’opéra-comique.
 
Elle fourbit ses premières armes et se présente avec un spectacle intitulé « L’Amour à la française », donné à la salle Bizet, au cours duquel ses jeunes recrues interprètent des extraits d’opérettes choisis par Alexandre Dratwicki, directeur artistique du Palazzetto Bru Zane. Défilent ainsi avec rapidité seize airs et chansons, signés Messager, Hahn, Varney, Offenbach, Audran, Hervé, Massenet ou, plus rares, Laurent de Rillé et Frédéric Toulmouche. La direction artistique et la préparation des solistes reviennent à Hervé Niquet et Alexandre Dratwicki. Sammy El Ghadab se charge de la direction musicale, tandis que la mise en scène (mise en espace plutôt) échoit à Héloïse Sérazin. À l’avant du piano, fort bien tenu par Héloïse Bertrand, les chanteurs s’élancent alors, venus des locaux avoisinants avec mimiques et gestiques enlevées. Ils disent aussi de brefs textes contant des péripéties amoureuses imaginaires pour faire lien entre les diverses pièces.
 

© DR

Les sopranos Camille Chopin et Floriane Derthe conjuguent bagout et jolies coloratures. Juliette Gauthier et Marion Vergez-Pascal s’épanchent d’un mezzo soutenu. Le ténor Abel Zamora n’a plus qu’à faire vibrer, d’un timbre assuré et d’une parfaite élocution, ses déboires amoureux, puisque le thème obligé, d’une page à l’autre, est celui d’amours contrariées. En bis, tous de se réunir avec la reprise joyeuse du duo transformé en quintette « Je ne vous dis que ça Lily » de Miss Robinson de Louis Varney.
 
Dans la foulée, une masterclass de Louis Langrée ouverte à la presse au foyer du théâtre, retrouve les mêmes chanteurs, complétés de la soprano Ludmilla Bouakkaz, issue de la Maîtrise populaire, pour des airs de Delibes, Massenet et Offenbach, avec le piano toujours efficace d’Héloïse Bertrand. On goûte les indications précises et les ajustements méticuleux dispensés par Langrée à ses élèves, en particulier pour le sort fait à la prononciation française et à la diction de ses voyelles. Sammy El Ghadab et Guillemette Daboval le secondent dans une vive direction de deux airs. Alors que la metteuse en scène Sophie Planté intervient pour sa part dans un air de La Périchole, avec des mouvements de jeu emportés livrés au toujours efficace ténor Abel Zamora. De belles promesses de la part de ces jeunes interprètes déjà participants des productions de cette saison à la salle Favart.
 
Notez enfin que « L’Amour à la française » sera repris les 28 et 29 novembre prochain, sous la forme d’un spectacle déambulatoire, au Musée d’Orsay (Grande Nef).
 
Pierre-René Serna
 

(1) Organigramme de l’Académie de l’Opéra-Comique : www.opera-comique.com/fr/l-academie-de-l-opera-comique
 

Paris, salle Bizet de l’Opéra-Comique, 20 octobre ; foyer de l’Opéra-Comique, 23 octobre 2023 (masterclass) / Reprise de « L’Amour à la française » au Musée d’Orsay les 28 et 29 novembre 2023 : www.musee-orsay.fr/fr/agenda/evenements/opera-comique-lamour-la-francaise
 
Photo : Académie de l'Opéra-Comique (Saison 2023-2024) © Céline Villegas

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