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Joseph Moog à La Scala-Paris – Un jeune maître – Compte-rendu

Le pianiste allemand Joseph Moog (né en 1987) se produisait dans la nouvelle salle de La Scala-Paris, dans le cadre d’un « Festival International Chopin » organisé du 20 au 23 mars. Ce soliste de haut vol appartient d’ores et déjà au gotha des interprètes tant son jeu paraît non seulement faire fi des considérations techniques, mais surtout réussit à atteindre les plus hautes cimes sur le plan musical.
 
Dans la Fantaisie en ré mineur KV 397 de Mozart, sa volonté de s’écarter du pathos donne l’impression d’une improvisation reposant sur une grande souplesse de tempo. Toutefois, la mise en scène intelligemment agencée finit par conduire au drame inhérent à cette œuvre singulière.
La vision qu’il donne de Chopin est lumineuse, jamais martelée (Polonaise op. 26 n° 1), toujours conduite avec un grand sens narratif (Scherzo n° 1), fluide, véloce (Tarentelle) et parée de mille couleurs (Berceuse). Avec Liszt, ce jeune maître se montre à son affaire tant sa subtilité d’approche, un phrasé sans affectation et un déploiement de moyens sans limites servent avant tout la substance musicale (3 Sonnets de Pétrarque). Arrangée par J. Moog, la 12e Rhapsodie hongroise termine en feu d’artifice un récital au cours duquel l’interprète aura su marier avec élégance autorité, profondeur et sensibilité.
En bis, l’Etude pour les sonorités opposées de Debussy montre une belle richesse de timbre, et rappelle que l’artiste vient d’enregistrer l’intégrale des Etudes de Claude de France et Gaspard de la nuit (pour le label Onyx) – une interprétation d’une inventivité continûment en éveil.
 
Michel Le Naour

Paris, La Scala, 22 mars 2019
 
Photo © Marc Mitchell

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