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Gergiev et Berezovsky au Théâtre des Champs-Elysées - Vertu du bis - Compte-rendu

Après avoir présenté Les Noces et Oedipus Rex, Valery Gergiev et ses musiciens du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg ont donné dès le lendemain une manière de bis à ce mini-festival Stravinsky au Théâtre des Champs-Elysées. Malgré un flottement des violoncelles, qui se reproduira, du reste, au début de la Symphonie de Psaumes, Petrouchka sonna tout neuf à nos oreilles à la manière de Ravel joué par des instrumentistes français. Ce fut à la fois sophistiqué, primesautier, coloré en diable, extravagant à l’extrême, racé, neuf et naturel : un régal !

Vient ensuite une vraie rareté vacharde avec le Capriccio pour piano et orchestre joué en soliste par le grand Boris Berezovsky dont le piano s’enfonce symboliquement dans la masse des autres instruments. Une fusion qui n’exclut nullement les échanges musclés entre chacun en un jeu d’une terrible subtilité où seule la virtuosité la plus débridée départage des protagonistes poussés à leurs limites. Ce qui explique la relative retenue dont chacun fit preuve jusqu’à ce que le public conquis les contraigne à bisser le finale : débarrassés de toute angoisse, ils mirent alors le feu à la scène dans une explosion de hardiesse réciproque.

Les chœurs ne constituent pas la mauvaise part du Mariinski, ni de la Symphonie de Psaumes où ils firent merveille, enchâssés par les seules cordes graves, les vents et le piano. On y retrouva la solennité d’Oedipus Rex, avec en plus l’intimité de la prière.
Une grande soirée de musique.

Jacques Doucelin

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 8 mars 2012

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Photo : DR
 

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