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François-Frédéric Guy en récital à Saint-Claude - Modernité et intériorité - Compte-rendu

Le Musée de l’Abbaye à Saint-Claude (Jura) offre un écrin de toute beauté au concert de François-Frédéric Guy. Une collection de magnifiques dessins de Bonnard voisine en effet avec des tableaux provenant de la donation du peintre Guy Bardone, enfant du pays. Le programme proposé met en correspondance le Livre II des Préludes de Claude Debussy et l’ultime Sonate op 111 de Beethoven, deux partitions qui, chacune à sa manière, ouvrent des horizons infinis. L’interprète s’attache à dégager avec une maîtrise tout autant intellectuelle que sensible toutes les possibilités d’expression de la riche palette sonore debussyste ainsi que la souveraine domination des éléments pianistiques beethovéniens.

Dès la première pièce des Préludes (Brouillards), François-Frédéric Guy sait apporter une densité sonore à cet enchevêtrement d’éléments composites et manifeste sens de la couleur et de la construction dans l’ensemble des autres morceaux. L’attention qu’il prête au timbre, à la notion d’espace, s’éloigne d’une conception impressionniste au profit d’une vision très actuelle où l’on perçoit les influences sur son jeu des compositeurs d’aujourd’hui (en particulier celle d’Hugues Dufourt dont il est un interprète d’élection).
Conduite avec un art accompli, la Sonate op 111 de Beethoven témoigne de la familiarité de l’interprète avec l’univers des 32 Sonates. Le sentiment d’urgence, le sens de la diction, la clarté de la conception, la noblesse de ligne, la progression dynamique portent la marque d’une intériorité habitée qui se retrouve, en bis, dans la célèbre Bagatelle « Für Elise », d’une profondeur peu commune.

Michel Le Naour

Saint-Claude, Musée de l’Abbaye, 10 juillet 2012

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Photo : DR
 

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