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"Fantastique" par l’Orchestre National d’Ile de France à la Philharmonie de Paris - Haut en couleur - Compte-rendu

Simone Lamsma

 

Incontestablement, le titre promis par le concert est le bon ! Car, pour son cinquantenaire, l’Orchestre national d’Ile de France, affiche une maturité rayonnante. On sait la pulsion dynamique, la vigueur contagieuse qui habite son chef Case Scaglione (photo ci-dessous), et cette séquence d’un romantisme frénétique, à l’exception des Offrandes oubliées de Messiaen, données en ouverture, qui elles, se présentent comme une méditation: émouvant car il s’agit de la première œuvre orchestrale du tout jeune compositeur de 22 ans, créée en février 1931 au Théâtre des Champs-Elysées ! La pièce, planante avec des éclairs évoquant le péché, opère comme une mise en condition de l’orchestre, qui d’emblée montre sa cohésion, sa capacité de réflexion.

Puis, œuvre starissime avec Sibelius et son Concerto pour violon en ré mineur op.47, chéri de tous les grands concertistes, et qu’Anne Sophie Mutter a marqué de façon historique parmi de nombreux maîtres de l’archet. Ici,  c’est la néerlandaise Simone Lamsma (photo ci-dessus), formée à la Yehudin Menuhin School et à la Royal Academy de Londres qui fait flamboyer l’œuvre. Et l’on se plaît, dans ce jeu soutenu, à retrouver le souvenir de sa grande devancière : une introduction fine, limpide comme une aube, avant que l’orchestre ne se lance dans ses grandes vagues rythmiques. L’intensité de ce jeu élégant a juste été un peu enfouie sous la force sonore de la masse orchestrale : effet d’acoustique peut-être. Mais on est resté suspendu à son archet lumineux, virevoltant, qui a continué dans un assaut d’incroyable virtuosité avec un bis peu banal, le finale de la 6e Sonate op. 11 de Hindemith.
 

Case Scaglione © Christophe Urbain

Puis, grand jeu avec la Symphonie Fantastique op. 14 et la folie berliozienne, qui donnait son nom à cette soirée de haut voltage. Le frémissement des cordes, le bucolique duo des patres, avec le délicat échange du cor anglais et du hautbois, la griserie du bal, le délire du Sabbat, tous les contrastes berlioziens, ses délires, ses rêves se sont entrechoqués avec une  furia dont le chef maîtrisait les déchaînements entre des moments de nostalgie poignante. Un rugissement romantique qui a déclenché l’enthousiasme du public. Incontestablement, ce bel orchestre, désormais haussé au meilleur niveau, a mangé du lion. 

Jacqueline Thuilleux
 

Paris, Philharmonie, 10 octobre 2023.
Autres concerts, Montigny-le-Bretonneux, Théâtre de Saint-Quentin en Yvelines, le 13 octobre. Le Perreux-sur-Marne, Centre des Bords de Marne le 14 octobre. Mennecy, Espace culturel Jean-Jacques Robert, le 15 octobre 2023 // www.orchestre-ile.com 

Photo Simone Lamsma © Otto van Dentoorn

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