Journal

David Greilsammer : un piano singulier

David Greilsammer n’aime pas faire les choses comme les autres. On l’a compris dès les débuts discographiques de l’artiste israélo-américain l’an dernier avec un tonique enregistrement des Concertos pour piano nos 5, 6 et 8 de Mozart réalisé avec la complicité du Suedama Ensemble (1). Et oui, il se passe quelque chose dans la production concertante de Mozart avant le Concerto « Jeunehomme », et l’on sait gré à un jeune soliste curieux de nous l’avoir rappelé !

Les récitals de David Greilsammer qu’il nous a été donné d’entendre manifestaient tous une originalité qui ne relevait cependant pas du caprice mais au contraire d’un désir de construire un itinéraire musical cohérent ; de convier l’auditeur à un voyage sonore. Le programme « Fantaisie-Fantasme »(2) que l’artiste donne au Bouffes du Nord le 4 juin en fournit un nouvel exemple.

De Bach à une création contemporaine de Jonathan Keren, en passant par Mozart, Brahms, Janacek, Schoenberg, Cage ou Ligeti, le récital de David Greilsammer consiste en une subtile mosaïque que le pianiste présente en ces termes : « La fantaisie m’entraîne dans une exploration particulière de toutes ces œuvres, suivant un ordre insolite et pourtant si naturel à mes yeux. Comme tant de choses qui commencent entières et qui se décomposent doucement, pour ses retrouver entières des années lumières plus tard. Comme tant de moments où l’on comprend que les fins et les débuts sont une seule et même chose. Comme tant d’être qui se retrouvent à des moments imprévus, insensés, inespérés. Comme tant de magnifiques harmonies qui ne se sont jamais rencontrées et qui vont s’effleurer pour la première fois ».

Quant à Jonathan Keren, dont le pianiste a déjà eu l’occasion de défendre la musique dans d’autres occasions, il a spécialement conçu pour lui un diptyque « Fantaisie, mais 2 fantastrophes » qui revendique sa dette envers le jazz. Invitation à la découverte, à l’inattendu, au rêve, que le concert de David Greilsammer – d’autant qu’il se déroule dans l’intimiste cadre des Bouffes du Nord. Une soirée en exergue de laquelle, le pianiste a inscrit les mots de Lewis Carroll : « Prenez soin du sens, les sons prendront soin d’eux-mêmes »…

On aura dans les mois qui viennent plusieurs occasions de retrouver David Greilsammer en France, en particulier au Festival Piano aux Jacobins de Toulouse en septembre.

Alain Cochard

Théâtre des Bouffes du Nord. Lundi 4 juin à 20h 30. Rens. et loc. : 01 46 07 34 50.

Photo : DR
 

Partager par emailImprimer

Derniers articles