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Compte-rendu : Une « Résurrection » sans vie - Daniel Gatti dirige la 2ème Symphonie de Mahler

Poursuivant son cycle des œuvres orchestrales de Mahler, l’Orchestre National de France sous la direction de Daniele Gatti abordait la monumentale 2eme Symphonie « Résurrection » appelle non seulement des forces symphoniques colossales, mais aussi deux voix solistes et chœurs. On comprend que les conditions dans lesquelles le concert s’est déroulé au Théâtre du Châtelet (une demi-heure de retard, des répétitions décalées en raison d’un démontage de décors effectué tardivement) aient pu déstabiliser les interprètes.

Ces raisons ne suffisent pas à expliquer le caractère atone d’une exécution terre à terre, empesée, qui distille l’ennui dès l’Allegro maestoso initial avec une marche funèbre évanescente, dénuée d’élan et de passion. L’Andante moderato tourne à vide par son manque d’intensité et de fluidité. La ronde du troisième mouvement échappe, pour sa part, à toute dimension haletante et fantomatique. La mezzo-soprano canadienne Marie-Nicole Lemieux parvient, dans l’Urlicht, à susciter un moment de félicité malgré l’instabilité de la voix ; mais le final démesuré entre mort et résurrection retombe dans les mêmes ornières. L’intervention des chœurs, superbement préparés par Thomas Lang, et le duo entre Marie-Nicole Lemieux et Camilla Tilling ne suffisent pas à donner vie à une interprétation qui rend l’âme plutôt que de la sauver.

Il est cruel de se souvenir fugitivement qu’avec ce même orchestre, en janvier 1986, Vaclav Neumann portait l’émotion à son comble dans une « Résurrection » d’anthologie au Théâtre des Champs-Elysées…

Michel Le Naour

Paris, Théâtre du Châtelet – 4 février 2010

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Photo : DR
 

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