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Compte-rendu : Arthur Moreira Lima à la Salle Cortot - Luxuriant piano

Absent depuis de nombreuses années des scènes françaises, le pianiste brésilien Arthur Moreira Lima est héritier d’une large culture acquise aussi bien dans son pays qu’à Paris (auprès de Marguerite Long) et à Moscou (au Conservatoire Tchaïkovski). En 1965, à l’âge de vingt-cinq ans, il obtient le Second Prix du Concours Chopin de Varsovie remporté cette année-là par Martha Argerich. Son récital à Cortot reflète une personnalité volontiers extravertie mais toujours au service des œuvres, dans un programme associant Chopin, Piazzolla et Villa-Lobos.

Jeu luxuriant et puissant, Moreira Lima privilégie le sens de l’architecture plutôt que la subtilité des nuances. Dès la Polonaise op 44, le ton est donné par une main gauche à la sonorité de marbre volontiers appuyée, mais qui transmet héroïsme et panache. Le même sentiment prévaut dans la Sonate «Funèbre» d’une saisissante grandeur. Les Valses ont du rythme, de la vivacité ; la Ballade n°1 une virtuosité assumée et le Scherzo n°2 un engagement sans retenue. La pulsation des Mazurkas semble donner raison à Schumann qui voyait dans ces miniatures des canons sous les fleurs. Plus idiomatique dans Adiós Nonino de Piazzolla et surtout dans Festa no Sertão extrait du Ciclo Brasileiro, Arthur Moreira Lima fait montre d’une riche sonorité, rendant justice à l’écriture dense et prolifique de son compatriote. Les bis sont de la même eau : la vélocité redoutable du Polichinelle de Villa-Lobos clôture un concert copieux et d’une générosité sans fard.

Michel Le Naour

Paris, Salle Cortot, 9 octobre 2010

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Photo : DR
 

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