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    Événement exceptionnel que la venue de l’Orchestre philharmonique de Vienne à l’Auditorium. La plus ancienne phalange autrichienne, fondée en 1842 par le compositeur Otto Nicolai, a été dirigée – bien qu’elle n’ait pas de véritable chef permanent – par les baguettes les plus prestigieuses. Et notamment durant trois ans par Gustav Mahler, qui a conduit les musiciens viennois jusqu’à Paris à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900. Inutile donc de préciser à quel point les Wiener Philharmoniker sont les interprètes privilégiés de Mahler, dont ils nous offrent la Neuvième Symphonie sous la direction d’Ádám Fischer. Neuf, le chiffre semble fatal à tous les compositeurs superstitieux, puisque ni Beethoven, ni Schubert, ni Bruckner, ni Mahler n’ont réussi à le dépasser. Chez Mahler, on devine comme chez Beethoven une tendance à la démesure, dans les dimensions de la forme comme dans celles de l’orchestre, et cela bien que la Huitième de Mahler fût plus impressionnante encore. Mais si la Neuvième de Beethoven fêtait la fraternité et la joie, celle de Mahler est un adieu. En marge de ses portées, on lit sur son manuscrit toutes sortes de commentaires sur la jeunesse, la beauté et l’amour perdus, sur les instruments qui se meurent ou sur une procession funèbre. Tout n’y est pas désolation car on y découvre aussi l’amour de la vie, les danses macabres nonchalantes. L’apaisement vient dans les ultimes mesures, avec la citation d’un Lied célébrant une belle journée au sommet de la colline.