S’il est l’auteur de nombreuses pièces instrumentales, orchestrales ou scéniques, c’est sans doute le cinéma qui a fait connaître le singulier idiome de Michael Nyman, avec son mélange de minimalisme, d’emprunts au langage classique et de textures rock : il a signé la bande-son de films mythiques de Peter Greenaway, comme Meurtre dans un jardin anglais (1982) ou Zoo (1985), ainsi que celle de La Leçon de piano de Jane Campion (1993).

Rien d’étonnant, donc, à ce que sa commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale prenne la forme d’une vaste fresque visuelle et musicale. War Work s’appuie sur une sélection d’archives d’époque, puisées dans différents fonds, en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne. En composant simultanément la musique et le montage des images, Michael Nyman interroge tout ce qui s’est effacé de notre mémoire : les soldats inconnus – simples corps sans identité – ou ceux qui n’ont jamais été retrouvés – des identités sans corps.

D’où son allusion au mouvement Dada, qui puisait dans les ruines des champs de bataille son inspiration et son vocabulaire absurdes. Autre source revendiquée par Nyman : les textes poignants d’August Stramm, l’un des premiers expressionnistes allemands, mort au combat en 1915.