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Yannick Nézet-Séguin et Nicholas Angelich  au TCE - Intériorité, poésie et énergie - Compte-rendu

Yannick Nézet-Séguin ne manque pas d’activités : directeur musical désigné de l’Orchestre de Philadelphie pour la saison prochaine, il est aussi à la tête de l’Orchestre Métropolitain de Montréal et (depuis 2008) de l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam. C’est avec la phalange néerlandaise qu’il se produit au Théâtre des Champs-Elysées dans un programme essentiellement brahmsien (avec pour unique diversion les Cinq Pièces op 10 de Webern dont la densité minérale contraste avec les développements généreux du Concerto pour piano n°1 et de la Symphonie n°2).

Soliste du Concerto en ré mineur, Nicholas Angelich fait preuve de grandeur et de noblesse (Maestoso). Sa sonorité ample privilégie l’intériorité sur la fougue juvénile. Nézet-Séguin, malgré quelques faiblesses de l’orchestre (des cordes parfois raides, une petite harmonie à la sonorité peu flatteuse), tisse un tapis symphonique puissant, secoué par la houle de la tempête. L’Adagio offre un moment d’émotion élégiaque tandis que le Rondo final, souple et vivement mené, est parfois embué de mélancolie. En bis, Angelich interprète les deux dernières Scènes d’enfants de Schumann, comme perdu dans un rêve d’une tristesse à fendre l’âme.

La seconde partie débute avec intelligence par les Cinq pièces de Webern (1911-1913), ductiles, colorées, qui, sans transition, préparent à la mélodie de timbres de la Symphonie n°2 enlevée par un bras énergique, plus soucieux de clarté que de lumière, de construction que d’esprit viennois. La partition avance à grandes enjambées, tenue de bout en bout à mains nues par les élans d’un chef dont le dynamisme (dans l’Allegro con spirito final) emporte les musiciens chauffés à blanc. Repris en bis, l’Allegretto grazioso calme le jeu par son caractère pastoral et détendu.

Michel Le Naour

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 3 juin 2012

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Photo : Emi Classics
 

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