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Strasbourg - Compte-rendu : La Wallkyrie - Une Oasis d’Humanité


Commencé la saison dernière, le Ring selon David McVicar se poursuit à l’Opéra National du Rhin. Le metteur en scène prend le spectateur par la main et le guide dans un dédale d’images saisissantes qui font de la scène entre Fricka et Wotan la pierre angulaire de sa Walkyrie. L’omniprésence des Dieux se manifeste par d’immenses masques qui dominent la scène, symbole du Walhalla suspendu dans les airs, dont l’un d’eux suggèrera le rocher des Walkyries à l’intérieur duquel Wotan déposera Brünnhilde. Troublante la nudité de Wotan, sur la musique du feu, que les guerriers du Walhalla viendront revêtir des oripeaux du Wanderer.


Marko Letonja transfigure le Philharmonique de Strasbourg. Sa direction vive et acérée, tout en contrastes, se fait caressante au « Chant du Printemps », profonde, intime, avec de consistantes cordes graves sur le récit de Wotan. Un solide pupitre de cors, aux sonorités profondes, vient structurer « l’Annonce de la mort ». Une masse orchestrale aux cordes rageuses, secondées par des cuivres percussifs, donne de la Chevauchée une vision d’apocalypse. Prouesse rare qui est à signaler, ce maelström sonore admirablement maîtrisé ne couvre jamais les voix et leur permet de s’épanouir pleinement.


Jason Howard campe un Wotan qui, tel un cheval fougueux, essaie de lutter en vain contre les pièges dans lesquels il s’est enfermé. Un timbre somptueux à la ligne de chant bien conduite, lui permet de composer un portrait fouillé.

Jeanne-Michèle Charbonnet (photo) remporte tous les suffrages dans une Brünnhilde femme-enfant, sublime de caractérisation. Sa voix se déploie tel un long ruban de velours où chaque intonation est soulignée avec une justesse de ton qui n’est pas sans rappeler les grandes titulaires du rôle.

Simon O’Neill et Orla Boylan forment un couple de jumeaux qui maîtrisent parfaitement leur tessiture. On n’apprécie par moins le Hunding frustre de Clive Bayley et la Fricka souveraine à l’abattage persuasif d’Hanne Fischer.


Une première journée mémorable ; on attend Siegfried avec impatience !



Bernard Niedda



Strasbourg, Opéra National du Rhin, le 27 avril

Prochaines représentations : les 2 et 6 mai, puis à Mulhouse, La Filature : 16 et 18 mai 2008


Les prochains concerts de l’opéra national du Rhin

Photo : Alain Kaiser

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