Phénoménal. Si vous n’avez pas encore entendu l’enregistrement de la Symphonie Fantastique transcrite par Franz Liszt sous les doigts de Roger Muraro(1), courrez vous le procurer ! Fascinante rencontre, somptueuse empoignade que celle entre un interprète dont l’immense palette sonore et l’énergie rayonnante n’ont plus à être louées et un chef-d’œuvre de la musique symphonique romantique devenu proie du « piano-ogre » lisztien.
La création de la Fantastique était a peine terminée, ce 5 décembre 1830, que le virtuose – qui n’avait pas encore 20 ans - «accablait» déjà son collègue français « de ce que l’enthousiasme a de plus énergique » (Berlioz dixit). Quatre ans plus tard Liszt mettait le point final à sa transcription – entre temps, détail d’importance, « l’électrochoc » Paganini avait produit ses effets...

Affronter la Fantastique au piano suppose des moyens digitaux hors du commun ; quelques autres (très peu) avant Muraro ont relevé le défi de façon plus que respectable. Mais jamais encore on n’avait à ce point éprouvé physiquement le geste, l’élan enthousiaste de Liszt ; cette fraternisation entre deux musiciens qui constitue le moteur de la transcription lisztienne - et l’au-delà de la performance digitale pour son interprète.

La réussite de Muraro marque l’aboutissement d’un travail de longue haleine. Après des mois de préparation, il donnait sa première Fantastique en public au 40e Festival de Sceaux en juillet 2009 (concertclassic y était :

http://www.concertclassic.com/journal/articles/actualite_20090712_2690.asp
) ; un sacré moment déjà… Depuis, l’approche a mûri, s’est enrichie de l’expérience d’un interprète qui, après avoir fréquenté assidûment l’auteur des Vingt Regards, le délaisse désormais un peu, sinon beaucoup, au profit du répertoire classique(2) et romantique - Muraro ne fait d’ailleurs là que remonter l’arbre généalogique du piano de Messiaen. Nombreux sont ceux qui ont découvert un pianiste autre depuis un moment, à commencer par certains collègues, tel Barenboim tirant sa révérence devant son interprétation du 2ème Concerto de Bartok par exemple.

Un bonheur ne vient jamais seul : la sortie du CD Berlioz/Liszt de Muraro s’accompagne d’un récital dans la série de Jeanine Roze. Tous les amoureux de piano et de musique romantique prendront le chemin du TCE jeudi 10 février, avec d’autant plus d’impatience que quelques extraits de la Première Année de Pèlerinage tiennent compagnie à l’ouvrage de notre Hector national.

Buveurs d’eau tiède s’abstenir, évidemment.

Alain Cochard

1 CD Decca

Roger Muraro joue d’ailleurs Mozart à Salzbourg, le 27 février prochain

Récital de Roger Muraro

(Œuvres de Berlioz/Liszt et Liszt)

10 février – 20h

Paris - Théâtre de Champs-Elysées

www.theatrechampselysées.fr

Site de Roger Muraro : http://rogermuraro.artistes.universalmusic.fr

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Photo : DR