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« Petite Balade aux enfers » à l’Opéra-Comique – Impertinente drôlerie – Compte-rendu

Le Comique aura décidément gâté son (jeune) public cette année à l’occasion de la 2ème édition de Mon Premier Festival d’Opéra. Peu après un «  Gretel et Hansel » remarqué (1), on découvrait en effet « Petite Balade aux enfers », spectacle librement inspiré de l’Orphée et Eurydice de Gluck.
La saison dernière, Valérie Lesort et Christian Hecq nous ont régalé d’un réjouissant Domino noir d’Auber, créé à l’Opéra Royal de Wallonie et repris dans la foulée à Favart. Unis à la scène comme à la ville, les deux artistes viennent de retrouver le Comique pour « Petite Balade aux enfers », mais dans des rôles différents cette fois, elle signant le texte, la scénographie et la mise en scène, lui jouant le rôle de Zeus et assurant (avec Sami Adjali et Florimond Plantier) la manipulation des marionnettes (conçues par Sami Adjali, Carole Allemand et V. Lesort). Et le talent, l’humour, la fantaisie et l’imagination étaient à nouveau au rendez-vous !
© Stefan Brion

Castelet au milieu de la scène, piano à jardin (bien tenu par Marine Thoreau la Salle) : en un peu moins d’une heure « Petite Balade aux enfers » résume Orphée et Eurydice, des extraits musicaux se mêlant à un libre – et assez potache – récit du mythe. La tête posée sur une « marionnette-bavoir », les chanteurs se transforment en de sympathiques petits personnages ; la magie de la technique et les lumières de Pascal Laajili créent l’illusion et cette « Petite Balade » nous embarque dans un monde où le merveilleux et la drôlerie font excellent ménage.

© Stefan Brion

Dans la salle, le jeune public se laisse charmer et suit avec attention ; les adultes présents s’offrent de beaux fous rires face à l’impertinence avec laquelle Valérie Lescot revisite le mythe (Eurydice voyant Orphée détourner le regard : « Et bien, dis-le que tu trouves que j’ai grossi ! ») Bêtes à poil de formats divers, les monstres des enfers paraissent tout droit sortis du Muppet Show (dont l’esprit plane d’ailleurs, on ne s’en plaint nullement, sur l’ensemble du spectacle) et ne manquent pas leur effet. Côté chant, Marie Lenormand (Orphée) et Judith Fa (Eurydice) s’acquittent d’autant plus remarquablement de leur tâche que la situation « marionnettique » dans laquelle elles sont placées ne doit en rien simplifier les choses. On salue aussi, le délicieux Amour de Marie-Victoire Collin, jeune voix issue de la Maîtrise Populaire de l’Opéra-Comique. D'icelle proviennent en outre les douze membres du chœur qui, surgissant de la pénombre, offrent de belles interventions. Une petite merveille : vite une reprise !

Quant à Valérie Lesort et Christian Hecq, notez dès à présent qu’ils signeront à l’automne prochain au Comique (du 4 au 12 novembre) la mise en scène d’Ecole amante de Cavalli, avec Raphaël Pichon à la direction musicale. L’un des rendez-vous attendus de la fin 2019, nul besoin de le préciser.

Alain Cochard

(1)Lire le CR : www.concertclassic.com/article/gretel-et-hansel-inaugure-la-2eme-edition-de-mon-premier-festival-dopera-lenergie-de-la
« Petite Balade aux enfers » - Paris, Opéra-Comique, le 14 février 2019

© Stefan Brion

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