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Pavel Kolesnikov à l’Auditorium de la Fondation Louis Vuitton – Une perle rare – Compte-rendu

Pour clore la première saison musicale de la Fondation Louis Vuitton, la série « Piano nouvelle génération » invitait Pavel Kolesnikov (26 ans), allure juvénile et doigts de fée. Ce Sibérien, lauréat du Prix Honens à Calgary (Canada) en 2012 n’a pas tardé à se faire connaître des circuits internationaux. Son récital, digne d’un grand maître, ne laisse place ni au divertissement, ni aux exploits digitaux mais témoigne d’une hauteur de vue, d’une réflexion et d’une richesse intérieure peu communes.
 
Le programme débute par la Fantaisie en ut mineur de Mozart conçue comme une progression dramatique très subtilement dosée grâce à un toucher nuancé et perlé. Il ne manque qu’une certaine liberté de ton que l’on détecte en revanche dans une Sonate Op. 111 de Beethoven à la construction aboutie et qui se déploie avec autorité jusqu’à son terme.
Très contenue dans ses élans et infaillible sur le plan pianistique pur, sa vision de la Fantaisie de Schumann gagne en lisibilité polyphonique ce qu’elle perd en lyrisme débridé. Evitant toute emphase, Kolesnikov traduit avec sobriété les états d’âme du compositeur au risque parfois de taire la dimension passionnelle de ce cri adressé à Clara.
Dans L’Isle joyeuse de Debussy, la sonorité irisée, la fluidité du jeu, la finesse du trait et la joie libératrice conclusive emportent immédiatement l’adhésion. Les deux bis (une sonate enlevée de Scarlatti et la nostalgique Mazurka op. 68 n° 2 de Chopin), ciselés tels des bijoux dans leur écrin, confirment la maturité d'un artiste très prometteur.
  
Michel Le Naour
 
Paris, Auditorium de la Fondation Louis Vuitton, 10 juillet 2015
 
Photo © DR

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