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Paris - Compte-rendu : Soleil noir au Théâtre des Champs-Elysées

La cinquième édition des Paris de la Musique, festival initié par Musique Nouvelle en Liberté, voyait cette année la création du concerto pour piano de Thierry Pécou (photo) L’Oiseau innumérable sous la direction d’Andrea Quinn. Magistralement défendue par Alexandre Tharaud, la partie soliste démontre une nouvelle fois l’originalité d’écriture de Pécou qui attribue au clavier une forte présence rythmique, gardant son réservoir mélodique à destination des forces symphoniques représentées ici par l’Ensemble Orchestral de Paris. Evoluant de l’arabesque vers un ostinato implacable évoquant le noyau d’Outre-Mémoire, la partie de piano se montre paradoxalement moins passionnante que la matière orchestrale même si elle apporte l’énergie nécessaire à ces efflorescences de vents et de cordes alla Florentz, la motricité conférée au soliste irradiant l’ensemble de la partition tel un soleil noir.

« Orchestre matière et piano trait » note le compositeur : de fait, L’Oiseau innumérable se rapproche d’une page symphonique avec piano obligé pour ces trois mouvements aux métriques évoquant De Falla, aux inflexions rappelant le début du Concerto pour la main gauche. En prélude, la création du Tombeau de Virgile de Philippe Hersant aura suscité moins d’enthousiasme. Rompant avec son esthétique anxiogène, Hersant a souhaité avec cette page pour harpe et orchestre « rendre hommage aux musiques et chansons traditionnelles napolitaines, encore bien vivantes aujourd’hui et dont l’auteur, selon de très anciennes croyances populaires, serait Virgile ». Malgré l’investissement d’Isabelle Moretti, cette féerie italianisante ne parviendra pas à convaincre, baignant dans un climat trop uniformément pittoresque et desservie par une écriture pour harpe quelque peu répétitive.

Mieux vaut rappeler la récente apparition au disque du superbe Concerto pour violoncelle n°2 de Hersant, paru sous le label Accord, avec Cyrille Tricoire et l’Orchestre National de Montpellier dirigé par Juraj Valcuha.

Nicolas Baron

Paris de la musique, Théâtre des Champs-Elysées, le 17 octobre 2006.

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Photo : DR
 

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