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Paris - Compte-rendu : Schubert en espace, Winterreise par Trisha Brown

Trisha Brown avait amorcé un retour à la musique « classique » avec Carmen (1986), L’Offrande Musicale (1994) ou L’Orfeo de Monteverdi (1998). Voici un attendu Voyage d’hiver, ultime cycle de Schubert mis en espace par la chorégraphe américaine pour sa troisième invitation à l’Opéra de Paris. La touche est légère : seuls quatre danseurs, si l’on inclût le baryton Simon Keenlyside, déploieront les ailes du Winterreise.

Sur le premier lied, jeux d’ombres et habiles mises en perspective disperseront les silhouettes quand les corps se rejoignent encore. Pour Trisha Brown, la présence des danseurs semble devoir intervenir comme support pour l’imagination, peupler le champ de vision sans surcharger l’espace vital nécessaire aux déambulations du chanteur. La chorégraphe déploie l’espace du récital plus qu’elle ne le scénarise réellement : l’intimité de la scène sera préservée. Saluons la prestation vocale et scénique de Simon Keenlyside, largement mis à contribution qui, cheminant parmi les corps, offre un Schubert remarquablement investi.

Dans un décor aussi glacé que les poèmes de Müller, seul un écran et quelques projections viendront colorer le déroulement de ce Voyage d’hiver. Une chorégraphie qui n’apporte pas grand chose à l’approche du cycle schubertien, dont la densité porte à elle seule le spectacle. Quelques fantômes s’égarent dans cet hiver sur scène : une danse de l’absence, esquissée, qui ajoute encore à la désolation du cycle.

Nicolas Baron

Opéra Garnier, le 7 janvier 2006

Photo : DR
 

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