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Nouvelle tournée pour Riders to the Sea


La France a réservé un très maigre écho au cinquantenaire de la disparition d’une des grandes figures de la musique anglaise du siècle dernier, Ralph Vaughan Williams (1871-1958). Cet anniversaire a néanmoins conduit l’ARCAL à reprendre pour une tournée d’une dizaine de représentations l’opéra en un acte Riders to the Sea (1937), d’après la pièce éponyme de Synge. Créé en janvier 2006 au Grand Théâtre de Reims, cette production mise en scène par Christian Gangneron permet de retrouver Jean-Luc Tingaud à la tête de l’Orchestre du Grand Théâtre de Reims. Après Reims le mois dernier, Lille et Rennes très bientôt, puis Troyes, Dunkerque et enfin Paris vont céder à une envoûtante partition, à laquelle le jeune chef se montre très attaché.

Comment avez-vous découvert la musique de Vaughan Williams et qu’est-ce qui constitue, à votre sens, la singularité de Riders to the Sea ?

Jean-Luc Tingaud : Manuel Rosenthal m’avait parlé de Vaughan Williams, qui comme lui avait été élève de Ravel. Il m’a expliqué combien l’écriture du musicien anglais, en particulier son orchestration, est marquée par l’esprit français. J’ai donc abordé Vaughan Williams dans le prolongement du répertoire français que j’ai beaucoup dirigé ces dernières années. Au-delà de ses qualités musicales et dramatiques, Riders to the Sea est un opéra très émouvant. On y entre, on s’y plonge, on y oublie le temps ; un univers vous absorbe. En ce sens, bien qu’il s’agisse d’œuvres de formats très différents, je le comparerai à Pelléas.

Les personnages sont vraiment caractérisés, la musique y est avant tout envoûtante. Vaughan Williams a beaucoup étudié les chants traditionnels des Îles d’Aran, en particulier le keening, chant de lamentation pour les défunts. J’ai eu l’occasion de me rendre en Irlande et d’en écouter des enregistrements : il est frappant de voir à quel point le compositeur à utilisé avec justesse ces thèmes traditionnels. Ce qui me plait par ailleurs, c’est que l’on retrouve la lignée de la musique anglaise, des lamentations, de la musique funèbre, dont la lamentation de Dido demeure l’exemple le plus fameux.

Outre qu’ils sont également de la plume de Vaughan Williams, quelles raisons ont poussé à choisir les Songs of travel, un cycle de mélodies pour baryton, pour compléter son court opéra et comment sont-ils traités dans le contexte de cette production.

J.L.T. : Avec Christian Gangneron, nous avons cherché une introduction, un « sas » pour entrer dans Riders. Le spectacle ne comporte pas d’interruption entre les Songs of travel et Riders. Le seul personnage masculin de Riders est Bartley, le fils de la famille, et les Songs sont un peu le voyage de Bartley. La chose se révèle d’autant plus intéressant que son rôle est court dans Riders et que la présence du cycle en introduction permet de donner de l’étoffe au personnage. Les Songs sont mis en scène grâce à des projections vidéos et, originellement écrits avec accompagnement de piano, ont été orchestrés par Denis Chevallier pour un effectif orchestral identique à celui de Riders.

A part la tournée de Riders, qui vous occupe jusqu’à la venue de la production à l’Athénée du 8 au 11 avril, quels sont les autres temps forts de votre saison ?

J.L.T. : Certains viennent d’avoir lieu. J’ai dirigé il y a peu Der Sturm de Frank Martin pour la radio néerlandaise et je viens de faire mes débuts avec l’Orchestre de la Fondation Toscanini à Parme dans un programme Poulenc, Fauré et Saint-Saëns. Je vais par ailleurs retrouver l’Orchestre de Cracovie pour mon premier Sacre du Printemps, avec en première partie les Images de Debussy. Je suis très heureux de faire ce programme car le Sacre était une œuvre fétiche pour Rosenthal. Celui-ci m’a légué sa bibliothèque de partitions et il est intéressant d’utiliser la partition où il a noté ses coups d’archets et bien d’autres indications.

En France, je dirigerai Orages désirés, un opéra de Gérard Condé, à Reims puis à Avignon en février-mars. Avec l’Orchestre OstinatO, nous donnerons un programme « alla turca » à l’Opéra Comique (31 janvier et 2 février), puis, à Reims et à Suresnes en mars, l’orchestre se joindra à celui du Grand Théâtre de Reims pour La Damnation de Faust. Enfin, nous entamons cette saison une deuxième série de concerts à la BNF. On y trouve, entre autres, une cantate inédite de Bizet intitulée David.

Propos recueillis par Alain Cochard, le 3 novembre 2008

CALENDRIER DE LA TOURNEE :

Lille : 15 novembre (tél. : 03 26 50 03 92), Rennes : 20-25 novembre (Tél. : 02 99 78 48 78), Troyes : 27 mars (Tél. : 03 25 40 15 55), Dunkerque : 3 avril, (Tél. : 03 28 51 40 40) Paris : 8-11 avril (Tél. : 01 53 05 19 19).

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Photo : DR

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