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Nielsen puissance 2

Deux symphonies de Nielsen en un mois, qu’arrive-t-il à Paris? La France, qui a dû attendre le 21e siècle pour entendre sa première intégrale des symphonies de Sibelius, est-elle déjà prête à rendre les armes devant les deux œuvres maîtresses de Nielsen, ses 4e et 5e Symphonies ? Le père de la musique moderne danoise les composa sous le coup de la première guerre mondiale, et avec comme seul modèle la grande symphonie beethovénienne.

C’est bien la ligne sans frein, l’impressionnante verticalité de l’ « Héroïque » qui architecture toute la 4e Symphonie (1914-1916), geste péremptoire à l’énergie « inextinguible » (son titre), dont la timbale est le héros dès la première mesure de l’œuvre. Lorsqu’il met le point final à la 5e Symphonie (1920-1922), Nielsen sait qu’il a peint en musique la guerre : tout le premier mouvement converge vers une impressionnante bataille où la mitraillette est « jouée » de façon hallucinante par la caisse claire. Musique de l’œil plus encore que platement descriptive : la rétine est dans l’oreille. Ce formidable maelström qui aboutit à un final éblouissant de puissance est peut-être encore plus exigeant pour l’orchestre que les flamboiements exaspérés de la 4e Symphonie.

Et figurez-vous que ce ne sont pas des phalanges étrangères qui oseront défendre ces deux chefs d’œuvre méconnus chez nous, mais bien deux orchestres français : le Philharmonique de Radio France pour la 4e Symphonie, l’Orchestre de Paris pour la 5e. Mais leurs chefs sont tous deux finlandais : Jukka Pekka-Saraste pour la 4e, Osmo Vänskä pour la 5e.

Etrange coïncidence, le premier a choisi de compléter son programme par le Concerto pour violon d’Elgar, et le second par celui de violoncelle, deux œuvres simplement sublimes très rarement jouées chez nous, et défendues par le Danois Nikolai Znaider (1) et (en remplacement de Truls Mork qui vient de se désister pour des raisons de santé) l’Américaine Alisa Weilerstein.

Jean-Charles Hoffelé

1) Nikolai Znaider vient d’enregistrer une version magnifique du Concerto pour violon d’Elgar avec la Staatskapelle de Dresde et Colin Davis (Sony).

Elgar : Concerto pour violon op 61 (Nikolai Znaider, violon)
Nielsen : Symphonie n°4 « Inextinguible »
Orchestre Philharmonique de Radio-France, dir. Jukka-Pekka Saraste
Paris - Salle Pleyel, Paris
2 avril 2010

Sibelius : La Fille de Pohjola
Elgar : Concerto pour violoncelle op 85 (Alisa Weilerstein, violoncelle)
Nielsen : Symphonie n°5
Orchestre de Paris, dir. Osmo Vänskä
Paris - Salle Pleyel, Paris
14 avril 2010

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Photo : DR
 

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