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Nahuel Di Pierro chante Le Voyage d’hiver à l’Athénée – Emotion vraie – Compte-rendu

Dans le cadre des Lundis musicaux de l’Athénée, la basse Nahuel Di Pierro et le pianiste Alphonse Cemin se confrontaient au Voyage d’hiver de Schubert, un cycle où les interprètes se mettent à nu, à l’image du narrateur seul aux portes de la mort.
 
A trente ans, le chanteur argentin (très applaudi récemment à Bordeaux et à Versailles pour son Teucer dans le Dardanus de Rameau) mène une carrière remarquée sur les scènes internationales. Son interprétation du Winterreise se révèle de haute tenue par l’investissement personnel, la ligne vocale au souffle maîtrisé, un timbre profond, une palette de couleurs savamment dosée et une diction irréprochable.
 
On ne sort pas indemne de cette lecture aboutie où voix et piano se répondent et se complètent. A la puissance d’engagement de Di Pierro, correspondent la subtilité de touche du pianiste (les modulations de Gute Nacht …) et la compréhension de chaque intention poétique (Der Lindenbaum). Le voyage proposé, intériorisé et dramatique, suspend le temps et communique à l’auditeur un sentiment de désespoir absolu (Der Leiermann). Après de nombreux rappels, le duo se résout finalement à donner en bis l’air du manteau de Colline à la fin de La Bohème. Une autre forme de dépouillement, certes décalée sur le plan stylistique par rapport à Schubert mais où, là encore, transparaît une véritable émotion.
 
Michel Le Naour

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Paris, Théâtre de l’Athénée, 11 mai 2015
 
Photo © Alvaro Yañez

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