Journal

Montargis - Compte-rendu : Un Coscoletto aux petits oignons


Coscoletto ? Késako ? Dans la vaste production lyrique d’Offenbach, une demi-douzaine de partitions à peine sont connues. C’est dire qu’il en reste une centaine à explorer… Certes tout n’est pas du même niveau dans cet ensemble, mais il renferme bien des richesses qui n’attendent que des programmateurs et des interprètes curieux. Le 1er Festival Offenbach de Montargis (cf. notre avant-papier d’il y a quinze jours) avait pour temps fort la création française de Coscoletto ou le lazzarone.

Donné en 1865 à Bad Ems en version allemande, c’est là un petit bijou du « Mozart des Champs-Elysées ». En deux actes, une forme rare chez Offenbach, l’ouvrage fut donc destiné au public fortuné et insouciant d’une station thermale. On comprend mieux dès lors la dimension sentimentale, pastel, Mitteleuropa de certains de ses épisodes (dans l’Acte I en particulier) par rapport au caractère plus « speedé », dirait-on aujourd’hui, d’ouvrages destinés à séduire le public parisien.

Du quiproquo sentimental sur lequel commence Coscoletto, jusqu’au vibrant hymne au macaroni – nous sommes à Naples – qui le conclut, en passant par une éruption du Vésuve et la crainte d’un empoissonnement collectif, moult rebondissements sont aussi l’occasion de retrouver Offenbach sous son visage le plus familier – et en langue française puisque Jean-Claude Yon a excellemment reconstitué le livret de Nuitter et Tréfeu à partir de sa traduction allemande.

Entamé avec des moyens modestes, le 1er Festival Offenbach proposait une version de concert de Coscoletto, placée sous la direction artistique du baryton Paul-Alexandre Dubois (photo). Toute l’intelligence de celui que l’on connaît mieux pour une mémorable mise en scène de L’Opéra de Quatre Notes de Tom Jonhson, aura été de ne pas considérer le choix de la version de concert comme un appauvrissement mais au contraire d’en tirer parti en poussant ses conséquences à l’extrême. Relative immobilité de chaque chanteur face au pupitre qui lui a été attribué, lecture des didascalies, réduction au strict minimum des accessoires (quelques chaises, des chapeaux et… les pupitres coulissants – très importants !). Autant d’efficacité comique dans la modestie du dispositif a vite fait d’emporter l’adhésion !

Ce Coscoletto aux petits oignons doit d’abord à la qualité du travail de la Compagnie du Grand Seize. Unis par un vrai esprit de troupe, Patricia Samuel (Coscoletto), Isabelle Sengès (Mariana), Urszula Cuvellier (Delphina), Jean-Louis Meunier (Polycarpo), Christophe Crapez (Arsenico) et Paul-Alexandre Dubois (Frangipano) ont tous manifesté des qualités vocales et une compréhension du style offenbachien qui les rendent plus que dignes du parrain du festival : Gabriel Bacquier. Avec pour la partie orchestrale l’Ensemble européen (11 intrumentistes), mené avec précision et tact par Alexandre Piquion, le Coscoletto recréé à Montargis a tout pour séduire et, on ne peut que souhaiter, partir à la conquête d’autres publics.

Alain Cochard

Montargis, le 2 juin 2007

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Photo : DR

Partager par emailImprimer

Derniers articles