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Les Surprises à l’Hôtel de Soubise - Rebel en beauté - Compte-rendu
« Vif et curieux » : les biographies racontent souvent des jolies salades, mais la façon dont celle des Surprises qualifie l’ensemble reflète la stricte vérité ; on ne s’étonne pas qu’Ambronay ait éprouvé un coup de cœur pour un groupe de jeunes musiciens d’un enthousiasme si communicatif. A l’instar de la Cappella Mediterranea, du New Century Baroque ou de l’Ensemble Pygmalion, Les Surprises sont parmi le représentants d’une nouvelle génération baroque qui ne fait pas de la maîtrise des règles stylistiques une ceinture de chasteté expressive, mais s’en sert au contraire pour bâtir des interprétations d’une profonde liberté.
Musique d’un temps lointain ; lieu historique chargé de mémoire - celle du Chevalier de Saint-George en particulier - : le concert « Rebel père et fils » donné à l’Hôtel de Soubise est pourtant bien celui d’artistes qui font revivre le passé avec l’intelligence et la sensibilité du présent. Avant de faire de la musique « baroque », Les Surprises font de la musique ! La chaleur avec laquelle le public nombreux accueille leur prestation le souligne. Et qu’il est agréable de goûter à un tel fini instrumental, aux violons véloces et charnus d’Alice Julien-Laferrière – un nom qui rime décidément avec talent ! – et de Gabriel Ferry, aux flûtes fruitées de Sandra Latour (traverso) et Matthieu Bertrand (flûtes à bec), au basson gourmand d’Anaïs Ramage et – que les oubliés, pas moins valeureux, me pardonnent – au travail de tous ces remarquables instrumentistes que Louis-Noël Bestion de Camboulas guide du clavecin d’un manière aussi sobre qu’efficace.
Prestes et racés, Les Caractères de la Danse de Rebel père (1666-1747) donnent le ton, avant que Juliette Pierret (soprano) et Etienne Bazola (basse-taille) n’allient leurs voix aux instruments pour diverses pages du tandem formé de Rebel fils (1701-1775) et Francœur (1698-1787), des extraits du magnifique Ballet de la Paix pour l’essentiel. Tact, élégance jamais compassée, expression aussi intense que dépourvue d’emphase (superbe « Il gémit dans les fers » par E. Bazola), radieuse vitalité rythmique (quel irrésistible peps dans ces Tambourins, d’ailleurs bissés). On guette le prochain concert des Surprises avec une impatience. En attendant, découvrez sans plus attendre le premier CD d’un jeune ensemble à suivre de très près.
Alain Cochard
(1)« Rebel de père en fils » Ambronay Editions / Collection Jeunes Ensembles – AMY 303
Paris, Hôtel de Soubise/ Archives Nationales, 9 novembre 2013
Site de l’Ensembles Surprises : www.les-surprises.fr
Site de l’Association Jeunes Talents : www.jeunes-talents.org
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Photo : Bertrand Pichène
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