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Les 50 ans de l’Orchestre de Paris – Au cœur du XXème siècle – Compte-rendu

Fondé en 1967, l’Orchestre de Paris a traversé l’actualité musicale de ces cinquante dernières années en s’attachant à défendre le grand répertoire symphonique. Pour fêter son demi-siècle d’existence, la formation offrait – dans le cadre du Festival d’Automne – un concert tourné vers la modernité qui ne lésinait pas sur les moyens, son programme exigeant mobilisant toutes les forces de la phalange, placée sous la conduite de de son directeur musical, Daniel Harding (photo).
 
La Sinfonia de Berio (1968) constitue plus qu’un hors-d’œuvre et l’on retrouve avec plaisir la virtuosité d’écriture du compositeur italien dans ce melting pot qui garde tout son pouvoir de conviction même si certaines pratiques d’écriture de l’époque ont un peu vieilli. Merveilleuse prestation des London Voices – qui n’ont rien à envier aux créateurs, les Swingle Singers – et interprétation engagée sans concession.
 
Changement de plateau et choix original avec le provocateur Poème symphonique pour cent métronomes de Ligeti, sous l’éclairage de néons, et Fantaisie pour clarinette seule du compositeur-interprète allemand Jörg Widmann (né en 1973), pièce de jeunesse qui multiplie les embûches entre musique klezmer ou allusions au jazz. L’austère Symphonie de Psaumes de Stravinski (1930) bénéficie ensuite de l’excellence du Chœur de l’Orchestre de Paris, admirablement préparé par Lionel Sow, ainsi que d’une exécution charpentée et fervente qui rend justice à l’intensité spirituelle de la partition.
 
Après l’entracte, Au cœur de Paris (en création mondiale) de Jörg Widmann ne se situe pas sur les mêmes cimes. Festive, elle se réfère aux chansons populaires (telle La Vie en rose) ou à l’opérette (La Vie parisienne) d’Offenbach, clins d’œil brillants à une évocation un peu superficielle de la capitale.
 Retour aux fondamentaux avec La Mer de Debussy qui fait partie du patrimoine de l’Orchestre. Le chef britannique s’y montre moins convaincant, plus soucieux de la construction que du jeu subtil des vagues ou de l’enivrante sensualité de l’écriture debussyste.

L’arrangement par Berio du lied An die Musik de Schubert pour chœur et orchestre concilie en bis anciens et modernes. Après un Joyeux Anniversaire entonné par le public, le final de la Suite de L’Oiseau de feu de Stravinski clôt une soirée de deux heures et demie particulièrement dense.       
 
Michel Le Naour

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Paris, Philharmonie, Salle Pierre Boulez, 1er novembre 2017

Photo Daniel Harding © Julian Hargreaves

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