Journal

Le Conservatoire National Supérieur de Lyon et l’Europe – Une belle dynamique internationale

L’ouverture du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon (CNSMDL) sur l’étranger n’est pas nouvelle, mais la dimension internationale y connaît un essor particulier depuis le début des années 2000. Peu après son arrivée, en 2000, à la direction de l’établissement, Henri Fourès (directeur du CNSMDL de 2000 à 2009), conscient de l’enjeu, créa un Service des relations internationales (il ouvrit en décembre 2000) afin de prendre en charge des activités qui relevaient jusque là de la direction ou du service des études.
Après avoir été pendant huit ans administratrice de l’Association Européenne des Conservatoires (AEC), Isabelle Replumaz devint alors chef du Service international du CNSMDL, poste qu’elle occupe depuis sans discontinuer, confortée dans son action par Géry Moutier (directeur du CNSMDL depuis septembre 2009).

© Blaise Adilon

 « Un conservatoire tel que le nôtre est par nature relativement international car 20% des élèves et des professeurs sont étrangers. Quand je suis arrivée au CNSMDL, se souvient I. Replumaz, un seul prof faisait de la mobilité internationale et il y avait moins de dix étudiants (entrants et sortants confondus) concernés. A présent nous avons entre 25 et 30 entrants et 25 et 30 sortants chez les étudiants et 12 professeurs voyagent chaque année. L’évolution s’explique évidemment par les outils, les aides mis à la disposition des élèves et des professeurs par le Service international du Conservatoire, mais aussi par l’évolution des mentalités au sujet de la mobilité. »
 
On peut même parler d’une « révolution culturelle » chez des professeurs qui manifestent le « souhait d’aller enseigner dans d’autres écoles, de recevoir leurs collègues à Lyon pour échanger sur les méthodes pédagogiques, les répertoires. » Etablissement à dimension humaine, le CNSMDL a « beaucoup développé son partenariat international en cherchant à s’adapter à tous les cas de figure afin d’apporter des réponses individualisées aux besoins des étudiants et des professeurs. »
 
Du côté des étudiants les sorties s’effectuent dans une proportion importante, c’est une vieille habitude, en direction de l’Allemagne (le partenariat Erasmus + représente 70 établissements dont 30 % se trouvent en Allemagne - voir liste complète des établissements (1) ), et aussi vers l’Autriche, le Benelux, la Suisse. Toutefois, constate I. Replumaz, on note une tendance à la diversification des destinations de nos étudiants ; il deviennent plus aventureux.» Ainsi l’Académie Sibelius d’Helsinki, référence européenne incontestée en matière de pédagogie, commence-t-elle à faire partie des choix des jeunes musiciens. La Hongrie (Académie Franz Liszt de Budapest) les attire aussi, les violoncellistes en particulier.
 
Peu d’étudiants du CNSMDL se dirigent pour l’instant vers la République tchèque, mais de celle-ci proviennent pas mal d’étudiants, danseurs en particulier, désireux de se perfectionner à Lyon. Les Pays Baltes constituent une autre importante source d’élèves. « Ils sont en pleine expansion du point de vue de la pédagogie, constate I. Replumaz, leurs étudiants viennent volontiers chez nous et nous les acceptons avec plaisir car ils sont très bien formés.»
Enfin, hors d’Europe, il convient d’insister sur le succès de l’accord de coopération (signé en 2002) entre le CNSMD de Lyon et la Faculté de Musique de l’Université de Montréal. Conçu sur le modèle d’Erasmus, il a toujours bien fonctionné et s’est développé de manière naturelle.

En plus de la mobilité inscrite dans Erasmus +, où inspirée par ce programme (Montréal donc, mais aussi l’Université de Bogota), le CNSMDL participe à des cursus communs. Ainsi en est-il du Master CoPeCo (Contemporay Performance and Composition), un cursus de 2ème cycle commun aux Conservatoires de Tallin, Stockhlolm, Hambourg et Lyon, ouvert à la fois aux instrumentistes et aux compositeurs, axé principalement sur la recherche dans le domaine de la création contemporaine. La première promotion internationale d’étudiants de ce master a fait sa rentrée en septembre 2014 à Talllin, puis Stockholm pour le second semestre. Les étudiants sont à Lyon depuis le mois de septembre 2015 et jusqu’en mars 2016, après quoi leur itinérance prendra fin à Hambourg.

© Blaise Adilon
 
Si Tallin est responsable de la coordination du Master CoPeCo, le CNSMDL assure en revanche celle du Master ICSS (International Creative Soundtrack Studies), un cursus de musique à l’image. Rien de plus naturel dans la mesure où la discipline est enseignée au CNSMD de Lyon depuis dix ans et que l’établissement se situe au premier rang en la matière en France. Grâce à un financement de l’UE d’un montant de près de 450 000 €, ce master se met actuellement en place réunissant le CNSMDL, le Conservatoire Martini de Bologne, Hogent KASK--Conservatoire de Gand et la Faculté de Musique de Montréal, ainsi que des partenaires professionnels réputés, la Fondazione Cineteca di Bologna entre autres.
 
En plus de ces masters, il ne faut pas négliger la réussite de projets pédagogico-artistiques tels que celui qui tourne entre les départements de musique ancienne du CNSMDL, de l’Académie de Graz et de la Hochschule Felix Mendelssohn de Leipzig. «Nous avons commencé il y a deux ans à Lyon avec une semaine autour de Corelli comprenant des ateliers de recherche appliquée sur le compositeur et son époque et des concerts, explique I. Replumaz. Graz vient d’accueillir une semaine du même genre consacrée à Couperin. Dans deux ans, nous serons à Leipzig, pour du Bach très probablement. »
 
Un projet comparable est en train de se mettre en place dans le domaine de la musique contemporaine avec le Conservatoire de Birmingham
 
L’avenir international du CNSMD de Lyon ? I. Replumaz déborde d’enthousiasme et de projets. C’est au-delà de l’Europe qu’elle regarde en ce moment, occupée à ouvrir un nouvel axe dans la politique de l’établissement : la responsabilité globale institutionnelle. « J’entame un travail avec le Mali, nous confie-t-elle, afin de prendre en compte des réalités autres que celle, confortable, de l’Europe ; d’autres esthétiques et d’autres approches musicales aussi. »
 
Alain Cochard
(Entretien avec Isabelle Replumaz réalisé le 4 décembre 2015)

logo signature article

(1) Liste des établissements partenaires du CNSMDL : www.cnsmd-lyon.fr/fr-2/linternational/etablissements-partenaires
 
Pour en savoir plus sur les activités internationales du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon : www.cnsmd-lyon.fr/fr-2/linternational/activites-internationales#

 
  Photo © Blaise Adilon

Partager par emailImprimer

Derniers articles