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Fortunio ouvre la saison de l’Opéra Comique - Retour au bercail

Fortunio d’André messager occupe l’affiche de l’Opéra Comique pour l’ouverture lyrique de la saison 2009-2010 (tardive en raison de la beauté que se refait peu à peu la salle Favart). Les amateurs de musique légère se réjouissent du retour du délicieux ouvrage de Messager au Comique. Un choix plus que logique : c’est en effet là que cette « comédie lyrique » inspirée du Chandelier d’Alfred de Musset fut créée, le 5 juin 1907, sous la direction de son auteur.

Célèbre depuis le triomphe de Véronique aux Bouffes Parisiens en 1898, André Messager était alors un musicien bien connu des habitués de l’Opéra Comique. De 1898 à 1904, il y avait été directeur de la musique. Période faste qui avait vu entre autres la création sous sa baguette de Pelléas et Mélisande - dont il est le dédicataire – en 1902 et la première française de la Tosca de Puccini en 1903. On mesure là l’éclectisme d’un musicien admiré de ses pairs - il sera plus tard (en 1914) le créateur de Parsifal à l’Opéra. A l’instar de Chabrier, Messager était en effet un wagnérien fervent, et comme l’auteur d’España, il eut l’intelligence de cultiver sa voie en dehors du sillage de l’ensorceleur de Bayreuth.

En 1907, lorsqu’il dirigea la création de Fortunio, Messager arrivait au terme d’une période entamée en 1901 pendant laquelle il avait occupé le poste de directeur de la musique au Covent Garden de Londres, et depuis Véronique, il n’avait livré qu’un ouvrage lyrique (l’opéra-comique Les Dragons de l’Impératrice – 1905), ce qui se conçoit aisément compte tenu de ses prenantes occupations des deux côtés du Channel.

Ecrit sur un livret de Robert de Flers et Gaston Caillavet, Fortunio remporta un beau succès lors de la création et fut d’ailleurs repris régulièrement jusqu’en 1950 – après… les musiques du plaisir connurent le sort que l’on sait…

Les temps changent heureusement et la France redécouvre des trésors oubliés de son patrimoine musical – notez au passage que le Centre de musique romantique française du Palazetto Bru Zane est coproducteur associé de ce Fortunio.

Hormis le fameux air « Si vous croyez que je vais dire », on ne connaît souvent pas grand chose de la partition de Messager. La proposition du Comique tombe donc à pic, d’autant que la perspective d’une mise en scène de Denis Podalydès excite la curiosité et que la distribution (des chanteurs tous rompus à la diction française) promet beaucoup. Outre Jean-François Lapointe (Lire l’interview) en Landry, on y trouve Joseph Kaiser dans le rôle-titre, Virginie Pochon en Jacqueline, Jean-Marie Frémeau en Maître André et Jean-Sébastien Bou en Clavaroche. Dans la fosse, Louis Langrée – qu’on aimerait voir plus souvent dans la capitale… – dirige l’Orchestre de Paris. Il sera d’ailleurs en terrain familier dans la mesure où Fortunio fut la première œuvre lyrique qu’il dirigea il y a plus de vingt ans à Lyon.

Enfin, et comme d’habitude, la série des « Rumeurs » mérite qu’on s’y attarde. Jugez plutôt : La Chanson de Fortunio d’Offenbach en version de concert sous la baguette de Jean-Luc Tingaud, des récitals de mélodies par Dame Felicity Lott et Salomé Haller, mais aussi un… « Suicide ». Rassurez-vous, il s’agit de celui « par enthousiasme » de Berlioz, une savoureuse nouvelle de l’auteur de la Fantastique dite par Denis Podalydès.

Alain Cochard

Pour plus d’informations sur André Messager, on lira avec profit l’ouvrage collectif « André Messager » (Ed. Klincksieck).

Fortunio et ses « Rumeurs »
Opéra comique
Du 10 au 21 décembre 2009
Infos : www.opera-comique.com

Programme et réservation de l’Opéra Comique

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Photo : DR
 

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