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Festival Le Temps d’Aimer la Danse de Biarritz - Interview de Thierry Malandain, directeur artistique

Il vient de connaître un triomphe avec sa magnifique Cendrillon, vue notamment à l’Opéra Royal de Versailles en juin dernier. Avec son air de gamin perché sur un croissant de lune, Malandain tient en main depuis cinq ans, sur sa base de Biarritz, l’un des Centres chorégraphiques les plus admirés de France. Mais le temps d’un nouveau Festival, il délaisse un moment ses activités de chorégraphe pour interroger les nombreux visages de la danse, et donner au Temps d’Aimer son aura de séduction et d’audace tout à la fois.

Comment parvenez-vous à vous tenir informé de l’évolution de la danse et de ce qui y compte ?
Thierry MALANDAIN : Je n’ai malheureusement que peu de temps pour voir des spectacles, que ce soit en tournée ou lorsque je fais travailler la compagnie à Biarritz. Mais je me tiens au maximum au courant. J’ai des informateurs, et je reçois une multitude de DVD dans lesquels je fais le tri, ce qui m’occupe énormément. Je dirais même que je suis harcelé par les propositions de petites compagnies qui souhaitent se produire à Biarritz. Mais le programme du Festival est de toute façon bouclé en décembre de l’année précédente. C’est la seule façon de travailler de façon sûre.

Quel axe choisissez-vous ?
T.M. : Je me dois de montrer au public le plus d’aspects possibles de la danse. Il ne s’agit pas uniquement de mes goûts dans ce choix mais d’une mission à remplir. L’on sait bien, à force d’avoir vu mes pièces, que mes tendances me ramènent à un art plus classique, même si j’en revisite la grammaire avec une sensibilité résolument contemporaine. Mais les grandes compagnies que je souhaiterais inviter sont souvent trop coûteuses. Cette année, dans le domaine que l’on peut qualifier de néo-classique, qui plaît toujours au public, nous avons le Ballet de Nuremberg, avec son talentueux directeur Goyo Montero, et le populaire Ballet Victor Ullate, avec sa Coppélia. Et l’an prochain ce sera l’heure du Ballet de Leipzig. Je suis aussi intéressé par le Birmingham Royal Ballet et son très attachant chorégraphe, David Bintley, ignoré en France. On verra ce qui est possible.

Comment s’articule l’édition 2013 ?
T.M. : Comme à l’accoutumée, je fais appel à des compagnies transfrontalières et à des troupes aquitaines, et j’ouvre le Festival à des groupes qui n’y sont jamais venus comme les Fêtes Galantes de Béatrice Massin avec Terpsichore. Je continue aussi les échanges avec les autres Centres chorégraphiques. Ainsi, cette année, nous recevons les Nuits d’Angelin Preljocaj, qui nous a déjà invités dans son centre d’Aix-en-Provence. Je crois qu’à peu près tous les Centres français auront été mis à l’honneur à Biarritz.

Quels sont vos coups de foudre de l’année ?
T.M. : Je suis fasciné par Foofwa d’immobilité, qui se produit le 11 septembre, dans une sorte de conférence dansée. Il est extraordinaire, aussi bien par sa danse que par le regard qu’il pose dessus, et offre un étonnant mélange de sources classiques ou empruntées à Merce Cunningham. J’aime aussi beaucoup les jeunes danseurs venus de chez Béjart, qui composent la Compagnie Opinion Public (le 13), et j’adore le travail du brésilien Samir Calixto, pour les Quatre Saisons, le 7. Nous avons d’ailleurs un partenariat avec le centre néerlandais Korzo Production, qui le présente. Il y a aussi une jeune Coréenne tout à fait remarquable, Sun a Lee, qui dansera le 15 Place Bellevue. Mais tous sont passionnants, Ariadone, Olivier Dubois, Dantzaz Konpainia … Et toujours la Gigabarre sur la Grande Plage, des stages, des répétitions publiques, des ateliers qui permettent au public de s’intégrer à la démarche tentée par le Festival, et le rendent encore plus précieux.

Propos recueillis par Jacqueline Thuilleux, le 28 août 2013

Le Temps d’Aimer la Danse
Du 6 au 15 septembre 2013
Biarritz (lieux divers)
www.letempsdaimer.com

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Photo : © M. Logvinov
 

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