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Eliahu Inbal, Emmanuel Pahud et l’Orchestre Philharmonique de Radio France à la Philharmonie de Paris – Heureux anniversaire – Compte-rendu

Pour fêter ses 80 ans, Eliahu Inbal a eu la main heureuse. Son programme original à la tête du Philhar associe la première française de Flûte en suite de Jörg Widmann – partition créée à Cleveland en 2011 par Joshua Smith et Franz Welser-Möst – et la Symphonie n° 9 de Bruckner, une œuvre que le chef israélien remet sans cesse sur le métier.

Emmanuel Pahud © Peter Adamik / Emi classics
 
Avec liberté et fantaisie, Jörg Widmann (né en 1973) se réfère à la tradition de la suite baroque. Il faut admirer non seulement la maîtrise de l’orchestration au cours de sections aux titres évocateurs (Allemande, Sarabande, Choral II, Courante, Choral II, Barcarole, Badinerie), la recherche de timbres subtils dans un jeu de miroir où les instruments se répondent en écho, mais surtout la virtuosité d’un soliste, en l’occurrence Emmanuel Pahud, qui surmonte les difficultés avec une parfaite aisance. La dernière pièce, après une cadence, cite avec humour la Badinerie de la Deuxième Suite de J.-S. Bach tout en tissant avec dextérité une riche instrumentation qui intègre le matériau baroque et finit par l’aspirer.
 
Changement de style avec la Symphonie n° 9 de Bruckner tenue de bout en bout par un geste large mais sans pathos. La continuité du discours, l’élan qu’insuffle le chef évite les célestes longueurs dans une dimension plus narrative que métaphysique. Cette volonté de beauté sonore, de refus de cette mystique gothique dont parlait Furtwängler, rend immédiate la perception de l’œuvre qui se déroule avec fluidité et sans ennui. Vision très contrastée (superbe Scherzo qui emplit le vaisseau de la Philharmonie), tendue comme un arc et ne ménageant guère de répit. Après l’Adagio final apaisé qui ouvre des espaces infinis, le Happy Birthday exécuté par les musiciens paraît décalé, mais célèbre avec ferveur l’heureuse collaboration qu’Inbal entretient avec le Philhar depuis de nombreuses années.
 
Michel Le Naour

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Paris, Philharmonie, 4 mars 2016

Photo © Z. Chrapek

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