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​Concert d'ouverture de l’Académie de l’Opéra de Paris – Rentrée XVIIIe – Compte-rendu

 
Pour son concert d’ouverture de la saison 23/24, l’Académie de l’Opéra de Paris offre à découvrir ses nouvelles recrues, avec une attente récompensée. Le programme, tout XVIIIe siècle, propose en première partie des extraits d’opéras de Mozart, puis une seconde partie moins convenue avec des extraits de Gluck et le rare Quatuor à cordes op. 1 n°4 du Chevalier de Saint-George. Sont réunis rien moins de douze chanteurs, quatre pianistes et huit instrumentistes à cordes, tous issus de l’Académie.

Dans l’écrin de l’Amphithéâtre de la Bastille, la mise en espace de tout ce beau monde revient à Raphael Jacobs, avec de vives allées et venues des participants, puis des gestes et figurations en concordance avec les personnages lyriques incarnés, autour de simples chaises. Efficace ! Et propre à mettre en valeur ces jeunes interprètes. On retrouve ainsi avec plaisir les valeurs déjà entendues et déjà confirmées de la soprano russe Margarita Polonskaya, du ténor français Thomas Ricart et du baryton costaricain Andres Cascante. La première s’épanche toujours avec brio (son Iphigénie d’Iphigénie en Tauride), le deuxième jouit de cette belle faculté de passer des registres de poitrine et de tête (Tamino de La Flûte enchantée, Gomatz de Zaïde) alors que le troisième affirme par son assurance un métier confondant (pour un puissant Oreste d’Iphigénie en Tauride).
 

Vincent Lappartient © J’Adore Ce Que Vous Faites !

Parmi les nouveaux venus, la soprano française Sima Ouahman campe une Blondchen soutenue (L’Enlèvement au sérail), le baryton-basse brésilien Luis Felipe Sousa figure un virevoltant Papageno et la soprano toulousaine Lisa Chaïb-Auriol une vibrante Pamina (La Flûte enchantée), alors que la mezzo ukrainienne Sofiia Anisimova, bien qu’avec des ornements parfois difficiles, mène un duo emporté avec la soprano hongroise Boglárka Brindás, elle aux aigus parfois durs, dans l’extrait de La Clémence de Titus. Le baryton-basse ukrainien Ihor Mostovoi s’acquitte d’un clair Figaro (des Noces). Teona Todua et Seray Pinar chantent ardemment Eurydice et Orphée de l’opéra de Gluck. Le ténor étatsunien Kevin Punnackal lance un Pylade franc du collier, presque fruste, quand les chanteuses rassemblées forment un enlevé Chœur des Prêtresses de ce même Iphigénie en Tauride. Et tous, dans cette distribution de voix des plus internationales, avec une excellente élocution française pour Gluck.
 

Vincent Lappartient © J’Adore Ce Que Vous Faites !
 
Mozart reste accompagné au seul clavier (à deux ou quatre mains) par Robert le Bervet, Guillem Aubry, Mariam Bombrun et Paul Coispeau – les quatre pianistes chefs de chant de l’Académie.  Les deux derniers prennent ensuite la baguette pour diriger avec précision l’ensemble à cordes augmenté d’un piano qui accompagne Gluck en seconde partie. Pour leur part, les violons d’Alexandra Lecoq et Aï Nakano, l’alto de Leonardo Jelveh et le violoncelle d’Auguste Rahon s’accordent au mieux dans le bref Quatuor en ut mineur de Joseph Bologne de Saint-George. En bis, réclamé par le public trépidant d’un amphithéâtre bondé, Youkali, fameuse chanson de Kurt Weill, réunit toute la troupe en hommage à Margaret Singer (disparue récemment et qui fut un grand soutien de l’Académie).
 
Pierre-René Serna
 

 
Paris, Opéra Bastille (Amphithéâtre), 27 septembre 2023.
 
Photo Vincent Lappartient © J’Adore Ce Que Vous Faites !

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