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Compte-rendu - Valery Gergiev dirige la Philharmonie de Vienne - A demi


Le Philharmonique de Vienne en formation B, un Théâtre des Champs-Elysées transformé en étuve, et Valery Gergiev, fantasque comme à son habitude : il n’en fallait pas moins pour emporter une Première Symphonie de Sibelius presque toujours à son point de rupture, en terme d’équilibre, de tempo, d’accentuation.

Quel geste, quel élan, qui rendent bien compte de la liberté du jeune compositeur, de sa verve, et débusquent une langue que personne ne parlait alors et que lui même n’emploiera plus dès sa symphonie suivante. Décidément il y a bien un premier Sibelius intraitable et furieux dont l’Orchestre procède par alliage brut, fouetté de rythmes inextinguibles, illustré également par Kullervo et par cette Première Symphonie. Gerviev avait travaillé, faisant retrouver à l’orchestre l’engagement et la fantaisie mordante qu’ils mirent à l’œuvre par deux fois au disque, avec des baguettes aussi antagonistes que celles de Maazel et Bernstein, mais surtout rendant à la partition ses fulgurances jusqu’à en bouler les transitions. Exaltant pour le moins.

Entracte puis petite débâcle. Cet Oiseau de feu où le ballet est illisible, avec son Katschei bruyant et jamais féroce, son prince gourmé, ses princesses sentimentales, tenait pour le fond de la caricature. Sous la battue incertaine du chef, les Viennois tombaient allégrement dans tous les pièges rythmiques tendus par Stravinski ; étrange d’autant qu’ils jouent régulièrement l’œuvre dans sa mouture intégrale, il est vrai avec des chefs plus précis, Pierre Boulez et Christoph von Dohnanyi pour ne pas les nommer.

Perdus, les musiciens ne nous donnaient plus que du son, et quel son ! Diaprures des bois, mystère des cordes, cuivres musqués, toute la lyre ! Oui mais pour dire quoi ?
Deux bis pour la galerie, un Tchaïkovski sucré, un Strauss quelque peu pétard mouillé, n’apportaient rien de plus.

Jean-Charles Hoffelé

Paris, Théâtre des Champs-Elysées le 25 mai 2009!

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Photo : DR

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