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Compte-rendu : Racha Arodaky à l’Athénée - Plénitude poétique

La passion a raison des obstacles et, malgré un contexte économique difficile, Catherine Alexandre et Olivier Bouley, respectivement directrice artistique et administrateur de l’association Les Pianissimes – bien connue des mélomanes lyonnais – poursuivent le développement de leurs activités à Paris. C’est à leur initiative que la pianiste Racha Arodaky s’est produite en récital au Théâtre de l’Athénée – un moment de partage musical qui n’aura pu que conforter des organisateurs courageux dans leur désir de faire jouer de jeunes interprètes dans la capitale.

La parution d’un bel album Haendel (1) a été le prétexte d’une soirée marquée du sceau d’une lumineuse poésie. L’intimisme de la maison de Louis Jouvet n’y est sans doute pas pour rien, mais c’est d’abord à la rayonnante présence de la disciple de Dominique Merlet et Murray Perahia que l’on doit d’être captivé dès l’attaque de l’Allemande de la 5ème Suite HWV 438 de Haendel. Sonorité chaude, ambrée, charnue mais sans lourdeur aucune charme : l’artiste nous embarque dans un programme conçu d’un seul tenant où Haendel, Rameau et Scarlatti dialoguent intelligemment – les pianistes devraient plus souvent songer à la solution, souvent excellente, du concert sans entracte…

Le bouquet de sonates de l’Italien que Racha Arodaky a placé en milieu de parcours, confirme de merveilleuses affinités avec ce répertoire, déjà illustrées par une anthologie parue chez Zig Zag Territoires. 555 Sonates, il reste de la matière à explorer… Pourvu qu’elle y revienne au disque, se dit-on en l’écoutant ciseler quelques un de ces bijoux avec un sens de la caractérisation, une évidence, une simplicité qu’il n’est pas donné à tous les pianistes de seulement approcher. Mais on ne savoure pas moins Rameau (des extraits de la Suite en la mineur/1er Livre) et les autres Haendel choisis par Racha Arodaky. Dans le méditatif comme dans le brio (le fameux «Hamonieux Forgeron » de la Suite HWV 430), le lyrisme et la tendresse dominent, quitte parfois à gommer un peu trop la dimension rhétorique d’une pièce telle que le Prélude de la Suite en la de Rameau. On ne saurait toutefois lui en tenir excessivement rigueur tant le sentiment de plénitude poétique domine au terme d’une soirée… qui n’est d’ailleurs pas encore terminée !

En bis, Racha Arodaky offre en effet Haendel, Bach, mais également – aussi inattendu que réussi – un poème arabe empli de dépit amoureux dit par Fadhel Messaoudi sur une pièce de Haendel et « Do it again », song fameux de Gershwin popularisé par Judy Garland ou Marylin Monroe, que la pianiste chante avec le même naturel que celui qui a dominé l’ensemble de son récital.

Alain Cochard

Paris, Théâtre de l’Athénée, le 16 novembre 2009

(1) Air note, dist. Codaex.

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Programme du Théâtre de l’Athénée

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Photo : DR
 

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