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Compte-rendu - Natalia Gutman et Elisso Virsaladze en récital - Correspondances


Monstres sacrés, la violoncelliste Natalia Gutman et la pianiste Elisso Virsaladze entretiennent une complicité depuis de nombreuses années. Leur récital à l’Auditorium du Musée d’Orsay consacré aux deux Sonates pour piano et violoncelle de Brahms et à des pièces de Robert Schumann (Cinq pièces dans le ton populaire op 102 et Fantasiestücke op 73) prend la forme d’un regard croisé entre deux compositeurs dont on connaît la connivence établie depuis leur rencontre décisive à l’automne 1853 à Düsseldorf. Les deux interprètes s’engagent dans ces pages d’un romantisme total avec un sens de l’équilibre mais aussi une volonté expressive où la profondeur le dispute à la tendresse et à la poésie. La densité de sonorité du violoncelle de Natalia Gutman (qui n’est pas sans rappeler parfois celle de Rostropovitch), l’autorité de son jeu sont un peu contrariés par l’accompagnement non dénué de brusquerie de la pianiste géorgienne (fugue de l’Allegro final de la Sonate n°1 en mi mineur op 38 de Brahms).

Moins imaginative, Elisso Virsaladze paraît au début académique, mais au fur et à mesure du déroulement du concert se libère d’une certaine raideur et rend aux Fantasiestücke de Schumann et surtout à la Deuxième Sonate en fa majeur op 99 de Brahms sa dimension de rêve éveillé (l’Allegro molto conclusif est d’une robustesse finement dessinée). Les pleins et les déliés de l’archet passionné de Gutman comme l’entente parfaite qui s’établit entre les deux protagonistes constituent un grand moment de musique de chambre, à la hauteur de la programmation toujours intelligente du Musée d’Orsay.

Michel Le Naour

Paris, Auditorium du Musée d’Orsay, 14 mai 2009!

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Photo : DR

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