Il conquit Pégase et tua la Chimère ; un destin brillant pour ce fils de Poséidon, séducteur malgré lui. Bellérophon connut un succès aussi retentissant, sinon une si sonnante postérité. Déparé par un livret malhabile qui fit beaucoup pester le Florentin contre Thomas Corneille, au point qu’au bout du compte Quinault, auteur de la pièce initiale, vint y mettre sa plume incognito (c’est du moins ce que la légende accrédite), l’ouvrage transporta le Palais Royal neuf mois durant, et le Roi se le fit montrer à Saint Germain. Comment expliquer qu’après d’opulentes reprises tout au long du XVIIIe siècle il n’ait finalement reparu à l’époque moderne que l’été dernier à Beaune, quasi dernier de la réévaluation historique entamée depuis Atys ?

Christophe Rousset annonce fièrement la création mondiale de la version intégrale de l’ouvrage – y a-t-il des numéros supplémentaires à ceux publiés par Ballard ? Une raison de plus pour aller applaudir ce semi-drame où l’invention de Lully se mêle à un très remarquable sens dramatique. Belle équipe : Cyril Auvity en héros, Ingrid Perruche pour la funeste Sténobée, Céline Scheen pour l’amoureuse Philonoé, Robert Getchell en père Bacchus, les forces vives des Talents Lyriques et du Chœur de Chambre de Namur devraient rééditer le triomphe remporté à Beaune cet été.

Jean-Charles Hoffelé

Lully : Bellérophon

Les Talents Lyriques, dir. Christophe Rousset.

16 décembre 2010 – 20h

Paris - Cité de la musique

17 décembre 2010 - 20h30

Versailles - Opéra Royal

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