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34ème Festival de Saint-Michel-en-Thiérache – Une présence et un lien préservés grâce au virtuel

Si à l'instar de tant d'autres festivals celui de Saint-Michel-en-Thiérache (Aisne) – deux/trois concerts chaque dimanche du 7 juin au 5 juillet – n'a pu résister à la déferlante des annulations, du moins son créateur et directeur artistique, Jean-Michel Verneiges, a-t-il tenu à maintenir un lien avec son public, tout en témoignant son soutien aux artistes, en proposant des concerts virtuels. Concrètement, deux programmes ont été intégralement enregistrés le 7 juin, dans d'excellentes conditions de prise de son et de régie vidéo, de manière à pouvoir être diffusés par séquences chaque dimanche du Festival. Leur mise en ligne se fait aux heures habituelles des concerts, la toute première séquence ayant été diffusée en direct le 7 juin : une manière de vivre quand même à l'heure du Festival. Ces séquences sont accessibles en totalité sur la chaîne YouTube (1) spécialement créée pour cette édition virtuelle et seront naturellement disponibles au-delà de l'ultime mise en ligne du 5 juillet.
 
Le premier programme (chaque dimanche à 11 h 30) se fait l'écho de la Journée Purcell initialement prévue le 21 juin, mise en miroir de l'œuvre de deux de ses grands prédécesseurs, John Dowland et Tobias Hume : Loves Farewell – Ayres pour voix & viole – L’âge d’or de la Renaissance anglaise, avec François Joubert-Caillet (viole et lyra-viol) et Lila Hajosi (mezzo-soprano), musique aussi subtilement intimiste que profondément universelle. Le second programme, prévu pour et capté lors de la journée inaugurale du Festival (chaque dimanche à 14 heures), fait entendre le joyau de l'abbatiale bénédictine : l'orgue Boizard de 1714. Aux claviers, déjà entendu à Saint-Michel en 2014 (2), le titulaire du Dom Bédos-Quoirin de Sainte-Croix de Bordeaux (désormais également du Cavaillé-Coll de Bécon, à l'invitation de Thomas Monnet) : Paul Goussot (photo), l'un des plus merveilleux connaisseurs de l'improvisation dans les styles anciens, mais pas seulement : on se souvient de sa prestation lors d'un ciné-concert en clôture du Festival de Laon 2016 sur le Faust (1927) de Murnau (3). La préparation de la 32ème édition du Festival de Laon, l'autre pôle festivalier du département culturellement si dynamique de l'Aisne, est actuellement en cours de réélaboration, en format nécessairement plus réduit – mais il est maintenu.
 

L'orgue Boizard de Saint-Michel en Thiérache © Mirou
 
La séquence inaugurale du programme suggéré à Paul Goussot : L'orgue concertant et le Siècle de la Révolution, fait entendre son adaptation de la célèbre anthem de Haendel Zadok the Priest, noblesse et éloquence de la facture française du Grand Siècle convenant superbement à la musique sacrée du caro Sassone, suivie d'un Concerto improvisé plus haendélien que nature. Jean-Jacques Beauvarlet-Charpentier et Claude Balbastre ont pris la suite le 14 juin, puis le 21 CPE Bach et Telemann transcrits par Paul Goussot (Largo du Concerto en sol majeur du premier, Modéré du Quatuor Parisien TWV 43e5 du second – admirable). Balbastre et Mozart (Andante K 616) suivront le 28 juin, enfin Haendel (Pomposo initial du Concerto opus 7 n°6 arrangé pour orgue seul) et Beauvarlet-Charpentier (Variations sur la Marseillaise, moins célèbres et moins souvent entendues que celles de Balbastre) couronneront ce programme quelque peu étoffé en regard de celui prévu pour le 7 juin, afin d'offrir une matière musicale abondante tout au long de ce festival virtuel. Signalons que Paul Goussot a enregistré Zadok the Priest mais aussi de splendides improvisations, dont un Concerto alla Haendel, à Notre-Dame de Genève et au temple de Nyon : Transcriptions inédites pour orgue à quatre mains, avec Jean-Christophe Orange (4).
 
Bien qu'aucun autre concert n'y soit programmé en 2020, on pourra toutefois entendre l'historique Boizard, au disque, sous les doigts de Jean-Luc Ho : François Couperin l'Alchimiste – Les années de jeunesse (vol. 2). Aux Messes gravées à Saint-Michel (Paroisses) et à l'orgue Jehan de Villers (1663) de Notre-Dame de Juvigny (Couvents), répondent des pièces de clavecin par Bertrand Cuiller : 3 CD Harmonia Mundi dont la sortie, initialement prévue pour le printemps, devrait avoir lieu début juillet. Le plain-chant alterné des Messes y est confié, partenaire habituel de Jean-Luc Ho, à l'ensemble de Thomas van Essen et Volny Hostiou, Les Meslanges, qui viennent de publier chez Paraty le vol. 2 des Messes retrouvées de Jehan Titelouze, avec François Ménissier à l'orgue de Champcueil (5). Mais le Boizard de Saint-Michel-en-Thiérache n'est pas le seul orgue du département : les autres seront à l'honneur en septembre-octobre à l'occasion de la 27e édition des Orgues de l'Aisne en concerts.
 
Michel Roubinet

 
(1) Chaîne YouTube du Festival (vidéos des deux concerts virtuels)
www.youtube.com/channel/UCUsb4-smoMMW2H2f5_-7uNg/videos?view=57&flow=grid
 
(2www.concertclassic.com/article/festival-de-saint-michel-en-thierache-musique-instrumentale-et-vocale-autour-de-lorgue
 
(3www.concertclassic.com/article/paul-goussot-improvise-sur-le-faust-de-murnau-au-festival-de-laon-superbement-singulier
 
(4www.france-orgue.fr
 
(5) lesmeslanges.org/discographie/
 
 
Festival Saint-Michel en Thiérache

www.festival-saint-michel.fr
 
 
Les Orgues de l'Aisne
Du 6 septembre au 11 octobre 2020
www.orguesdelaisne.com

Photo © DR

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