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3 Questions à David Bismuth


Né en 1975, formé par Catherine Collard puis par Brigitte Engerer, Monique Deschaussées et Maria João Pires, David Bismuth trace un parcours original et attachant dans le paysage du jeune piano français. Outre une collaboration avec Michel Plasson dans le cadre d’un album Berlioz (EMI), sa discographie (chez Âme Son) comporte un très beau récital Franck/Fauré et une version non moins réussie de la monumentale Sonate de Paul Dukas (couplée avec quelques Debussy).

Courant janvier le pianiste publie un original programme inspiré par Bach(1), tandis qu’il est l’invité de la série Autour du piano à la Fondation Dosne-Thiers (le 10 janvier), avant de retrouver ses collègues Bertrand Chamayou et Edna Stern dans le Concerto pour trois pianos de Mozart avec l’Orchestre National et Andris Nelsons (Châtelet, le 12 février).

Comment expliquez-vous le besoin de vous tourner vers Bach que traduit votre nouvel enregistrement ?

David Bismuth : Je n’ai pas le sentiment de me tourner vers cette musique aujourd’hui car elle est en fait présente de manière directe ou indirecte depuis le début de mon parcours. Pour ne parler que de mes deux CD sortis chez Âme Son, le premier est un récital Fauré/Franck où figurent le Prélude, Choral et Fugue et le Prélude, Fugue et Variation, qui font référence de manière plus où moins directe à Bach, qu’il s’agisse de l’intitulé ou du contenu. Le deuxième, un programme Dukas/Debussy, comprend la suite Pour le piano qui porte l’héritage de la forme baroque avec sa structure Prélude/Sarabande/Toccata. Dans mon répertoire, depuis le départ, se manifeste une attirance pour des musiques construites, très architecturées et issues de formes baroques ou qui y font référence. Même si, avec la musique française, je pouvais paraître éloigné de Bach, il était pourtant présent dans la structure de certaines œuvres.

Un Bach qui rime avec transcriptions et hommages dans ce nouveau disque…

D.B. : La transcription est un genre qui, en soi, m’a toujours intéressé car il conduit à faire sonner le piano et à explorer ses ressources sonores différemment. Je me suis d’abord intéressé dans ce disque aux moyens et aux formes utilisés par les différents auteurs pour rendre hommage à Bach. Mon projet s’apparente à un hommage indirect. Ce disque m’a amené à solliciter le compositeur Karol Beffa pour une version pianistique de l’air « Erbarme dich » de la Passion selon Saint-Matthieu. Il a très bien su le rendre dans une transcription assez épurée, à quatre voix, qui permet à ce thème très lumineux de se développer.

J’ai par ailleurs souhaité ne pas me cantonner à des transcriptions de Bach stricto sensu mais aussi montrer l’hommage que des compositeurs lui ont par la suite rendu à travers les lettres de son nom. J’ai ainsi adapté une Fugue le nom de B.A.C.H de Schumann qui fait partie de la série des Six Fugues pour piano à pédalier. L’Aria de la Bachianas brasileiras n°4 de Villa-Lobos permet de clôturer le programme sur une note exotique et de trouver l’influence de Bach là où l’attendait le moins : dans la musique sud-américaine. Beaucoup de gens connaissent le titre Bachianas brasileiras mais ne font pas forcément la relation avec Bach qui est pourtant présent dans le titre comme dans la structure de l’œuvre, même si le langage est très exotique et épicé.

Comment est composé le programme de votre récital du 10 janvier ?

D.B. : Je reprends quasi intégralement le programme de mon disque mais je termine par avec Pour le piano de Debussy qu’il m’a semblé intéressant de placer en conclusion pour les raisons que j’évoquais auparavant. Villa-Lobos et Debussy montrent l’évolution vers le XXe siècle et la présence de Bach dans des musiques qui lui sont de beaucoup postérieures.

Propos recueillis par Alain Cochard, le 5 janvier 2009

(1) Œuvres de Bach/Liszt, Bach/Saint-Saëns, Bach/Kempff, Bach Busoni, Bach/Beffa, Bach/Siloti, Schumann, Villa-Lobos (1 CD Âme Son, sortie le 22 janvier)

Récital de David Bismuth. Samedi 10 janvier 2009 – 15h. Paris - Fondation Dosne-Thiers. 27, place Saint-Georges/75009

Orchestre National de France, direction Andris Nelson. Avec David Bismuth, Bertrand Chamayou, Edna Ster – Mozart, Webern, Strauss – Le 12 février 2009 (20h), Théâtre du Châtelet. Réservations

Photo : DR

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